244 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE sveltesse, et, jusqu’en ses fantaisies, ses poses restent si gentiment har monieuses ! Frêle comme une jeune anémiée, un rien la blesse, un rien l’anéantit. Mais sa beauté lui confère une irrésis tible puissance et nul humain ne lui refuse un hommage admiratif. Dé-licieuse en pleine liberté, sous le grand ciel d’où la contemplent les étoiles, elle s’épanouit, radieuse, dans les jardins où ses fervents l’entourent d’un culte discret. Si splendide est sa pa-rure qu’elle l’a toujours emporté sur les Phrynés et les Filles des Doges, les Reines de Saba et les Théodoras. C’est pour ses pétales légers que la na-ture extrait de sa palette ses plus exquises gammes : tons empruntés à l’aurore solaires dans les nues et PAVOTS DOUI3LES. – DESSIN. (MUSÉE DE LYON). et au crépuscule, aux jeux sur les ondes, aux ailes des oiseaux et des lépidoptères. LA MERVEILLEUSE AUX POMMES. DESSIN. (MUSÉE DE LYON). C’est une mer-veille de grâce où sourit le printemps, où la lumière se pose et s’at-tarde ravie. Sa délicatesse inouïe, sa sua-vité, les ryth-mes même de sa physiono-mie éveillent en nous tant de sentiments qu’elle semble avoir une âme. Pure, chaste, presque éthé-rée, n’est-ullr pas- un reflet du divini? Ce quelque chose d’immatériel, d’aro-mal, qui spiritualise la fleur, Berjon en donne la sensation en de multiples dessins. Comme un sau-vage s’humanise et sourit quand il parle aux en-fants, notre peintre se transformait à la vue d’un bouquet, d’une guir-. lande, d’une toulie, d’une tige ornées de corolles. Ce plébéien, facilement hargneux, trouvait pour exprimer la distinction, la juvénilité, la diapha-néité de ses aimées des accents attendris. Ce brutal sans culture sty-lisait alors, plus que ja-mais heureusement servi par une vision saine et un savoir très sûr. Ce révolutionnaire acharné allait même jusqu’au madrigal quand son coeur l’emportait ; sa manière, ce jour-là, fleurait l’ancien régime. Le Musée de de ses fleurs et de ses fruits. Le Musée his-torique des Tissus de cette même ville conserve une très atta-chante série de ses études de plantes fleuries. On trouve aussi d’excellentes études analo-gues dans des collections particulières : il y on avait, à Pari., chez. 1:■)ii(itics-1 uparc , qui provoquaient l’admiration de L.-0. Mer-Lyon possède un remarquable ensemble LA MERVEILLEUSE AU PIED. DESSIN. (MUSÉE DE LYON), FIND ART DOC