LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 243 aride, de canons trop étroits. Dans sa diligence à bien écrire les caractères, il n’a pas toujours évité la dureté des profils ; du moins n’a-t-il jamais banni la vie de ses structures. En de multiples dessins, il s’est montré capable de souples indications et son amour de la pré-cision ne l’a pas empêché d’obtenir presque des syn-thèses en ses pièces maîtresses. Se :dons splendides, il les a dépensés de très diverses sortes, mais sans jamais les gaspiller. Plusieurs oeuvres du Musée de Lyon montrent pleine-ment sa puissance d’interprète de la figure humaine : deux portraits de lui-même, l’un au pastel, alors qu’il venait d’entrer dans la carrière ; l’autre, en miniature, au déclin de ses ans ; l’effigie, à l’aqua-relle, de Mite Bailly et deux sanguines : La merveilleuse à la pomme, La merveil-leuse au pied (ainsi dite parce qu’elle exhibe un .pied nu). Vigoureusement bâ-ties par un compré-hensif des formes, mises au point avec ce qu’on pourrait appeler une passion anatomique, ces fi-gures sont parlantes et leur personnalité s’affirme par les moyens les plus simples. Chacun de ses propres portraits reflète l’en-dedans avec une limpidité parfaite : quantum instar in ipso est. Les deux merveilleuses, saisies au vif dans une posture familière, plaisent par l’expression sagace de leurs entrelacs linéaires : l’aisance du trait en égale l’acuité ; malgré la vulgarité des modèles, le maître a su trouver du style. Dans la représentation des plantes, des fleurs et des fruits, il n’eut pas de rivaux autour de lui et, depuis, nul ne l’a dépassé dans sa ville. Il s’est plu à surprendre quelques_ types d’animaux, à reproduire de curieux coquillages, il a touché au paysage et, jusque dans ses plus modestes travaux, il est resté le loyal notateur de caractères. Sa Fouine (Musée de Lyon), par sa contexture à la fois savante et vivante, fait penser aux prodigieuses silhouettes de Pisanello. Mais c’est, avant tout, dans l’interprétation de ce que ses contemporains appelaient encore les présents de Pomone et de Flore que se reconnaît sa maîtrise. Ses meilleures oeuvres en ce genre laissent loin derrière elles les natures mortes dont Lyon était encombré:elles ne sont pas seule-ment établies avec une force judicieuse, elles sont vivifiées à souhait ; et il arriva, dans certaines, à une rare magnificence d’expression. Il travaillait les galbes de ses grappes avec autant de soins que s’il eût eu devant les yeux un corps humain irréprocha-ble ; il suffit, pour s’en convaincre, de regarder, au Musée de Lyon, ses Raisins dans une coupe. Il s’attachait si bien à portraire ses raisins qu’il en manifestait la succulence en même temps que la transparence. Avec des fruits banals comme le melon et les nèfles, il a même obtenu de très satis-faisants effets. Son amour du dessin exaltait sa pénétration : il incorporait l’esprit des choses. Quant aux fleurs, il les abordait avec une dilection touchante ; pour ne pas commettre d’irrespect à leur égard, pour les célébrer dignement, il déployait toute sa virtuosité. Or elle était prodigieuse. La fleur ! des légions de peintres l’ont exhibée sous toutes ses faces, introduite dans mille combinaisons, combien l’ont vraiment comprise ? Combien en ont rendu le charme virginal ? Elle est si noble en sa simplicité, si féminine en.sa ROSES DE HOLLANDE. – DESSIN. (RUSÉE DE LYON). FIND ART DOC