LE CARNET D’UN CURIEUX Les Maitres illustrateurs du Livre, au Petit Palais. Parmi les nombreuses manifestations d’art qui attirent en ce moment les ama-teurs au Petit Palais, nous nous occupe-rons spécialement ici de la partie fran-çaise, constituée par l’Exposition des Illustrateurs du livre. Le programme était intéressant et, sur-tout, très nouveau, de grouper les oeuvres des artistes français qui, au cours de plus de deux siècles, ont intercalé dans les pages des ouvrages célèbres les fantaisies charmantes de leur imagination. L’ensemble réuni Par un Comité formé d’ama-teurs, la comtesse de Chabrillan, la marquise de Noailles, la pria cesse A. Galitzine, de biblio-philes, MM. H. Beraldi, Arthur Meyer, Louis Metman, Robert Schuhmann, Louis Cartier, a réussi à constituer en trois salles du Petit Palais des élé-ments suffisants pour prouver que nos maîtres illustrateurs n’ont guère de rivaux dans l’art de la vignette. La première salle m’item, les productions du xyste siècle ; chez tous les vignettistes de cette période, on trouve un crayon toujours en verve, une facilité qui tient à la fois d’un jet de source et d’une produc-tion mécanique; chez presque tous, il se rencontre la séduc-tion, le charme du dessin et l’esprit. Ce temps qui orna tout de l’amabilité de l’art, qui éleva le joli au style et répan-dit ce style dans les plus petites choses, dans ses usages, dans ses habitudes ; ce temps, qui appliqua le talent du dessina-teur et du graveur jusqu’au décor du moindre bout de pa-pier, de ces mille petites feuilles volantes qu’une société se passe de main en main : adresses, cartes, invitations, billets de faire part, factures de marchands, contre-marques de théâtre, le xviiie siècle devait, naturellement, dépenser, pour l’embellis-sement et l’égayement du livre, un génie, une imagination, un goût nouveau et sans exemple. Aussi, le règne de Louis XV est-il le triomphe de ce qu’on appellera plus tard l’illustration .. L’image rem-plit le livre, déborde dans la page, l’en-cadre, fait sa tète et sa fin, dévore par-tout le blanc ; ce ne sont que frontis-pices, fleurons, lettres grises, culs-de-Ki) rio) rii) t.4 et:.4 lampe, cartouches, attributs, bordures symboliques. Bien peu d’ouvrages osent se présenter sans cette recommandation et ces tableaux du texte qui vulgarisent et font circuler dans la lecture la grâce artistique de l’époque. Éditeurs, impri-meurs, auteurs luttent à qui chargera ses éditions de plus d’images, les enjolivera de plus de tailles-douces. C’est le succès, l’excuse ou le pardon de tout ce qui pa-Collection du duc de Luynes : un admi rable recueil, dans sa reliure aux armes de la famille de Chevreuse, composé à l’in-tention de Marie-Antoinette et renfer-mant les aquarelles originales de Cochin d’un ouvrage bien connu : Les Fêles données par la Ville de Paris à l’occasion du mariage du Dauphin. M. Rahir a consenti le prêt d’une par-tie de sa magnifique collection de dessins d’illustration par Boucher, Co-chin, Ouelry, Gravelot, Monnet, Prudhon, Chiffard, Binet, etc. Collection du baron Henri de Rothschild : un exemplaire de la tragédie de Rodogune, avec un dessin original de Boucher. Collection du baron Maurice de Rothschild : dessins de Bou-cher, Mallet, Cochin, Queverdo, Saint-Aubin, Moreau le jeune. Collection Jacques Selig-mann : l’admirable suite des dessins originaux qu’imagina, pour illustrer Don Quichotte, cet improvisateur de génie qui a nom Fragonard. Collection Louis Cartier : aquarelles d’Hubert Robert, Saint-Aubin, Le Paon ; beaux volumes du xvnie siècle et série de très précieux manuscrits ornés de miniatures persanes et arabes. Collection de la baronne James de Rothschild : dessins de Duclos, Moreau le jeune. Collection Albert Lehmann : dessins de Boucher, Fragonard, Eisen, Queverdo ; tableaux de Taunay et de Drolling. M. Robert Schuhmann a au-torisé à puiser dans son admira-ble bibliothèque du xviiie siècle pour remplir une vitrine de livres contenant les originaux des meilleurs maîtres illustra-teurs. Il possède, en outre, une petite peinture de Debucourt de la plus rare qualité. Collection Plantevignes : dessins de Marillier, Moreau le jeune. Collection Walter Gay : dessin de Bou-cher, croquis de Gabriel de Saint-Aubin pour illustrer le Ballet d’Eglé. Collection de Mme de Polès : vingt-cinq merveilleuses aquarelles de Borel pour l’Histoire de Psyché. Collection de Mile de Maillé : dessins originaux par Debucourt, pour Héro et Léandre. Collection Alexis Godillot : dessins de Dutailly, Eisen, Leprince, Lepicié. A. W . I L r. . t . ÉTÉ. (VENTE II. NIICIIEL-LÉVY). rait ; c’est, quelquefois, le prétexte de l’idée et la gravure dicte le livre. (Goncourt.) Il faudrait consacrer un volume à l’étude détaillée de tout ce que présentent les vitrines du Musée. Nous n’avons ni le temps ni la compétence spéciale néces-saires pour réaliser une pareille entre-prise. Aussi, bien que le procédé laisse fort à désirer, nous bornerons-nous à une sèche nomenclature des pièces qui ont retenu particulièrement notre attention : Collection de S. A. I. la princesse Murat : neuf scènes de la Comédie Ita-lienne, par Cl. Gillot. FIND ART, DOC