battants, munie de tiroirs à sa base et abritée par un dais sur-monté de fleu-rons comme un dossier de stalle. Battants et tiroirs sont entièrement recouverts de motifs d’archi-tecture clans le style flamboyant, encadrant les armes de France. Ce genre de déco-ration qui permet-tait, en même temps, de recou-vrir les murs de panneaux sculptés et d’encastrer les meubles dans les anfractuosités de la muraille, s’ac-cordait, d’après E. Molinier, avec la nudité des inté-rieurs que nous représentent les tableaux du xve siècle où l’ameublement semble réduit au strict nécessaire. Le décor de la pièce avait été complété par une cheminée de même époque, à ‘ mon-tants de pierre soutenant un bandeau en bois à motif de fenestrages et portant sur sa hotte, dans un enca-drement quadrilobé en pierre sculptée, les armes d’Antoine, bâtard de Bourgogne, le frère de Charles le Téméraire qui fut au service de Louis XI et de Charles VIII. Une porte en pierre délicatement sculptée, peinte et dorée, qui, d’après une tradition, proviendrait de Bruges, y donnait accès. Son chambranle, en arc surbaissé, portant sur deux mignonnes figurines d’anges musiciens, encadre d’une frise de feuillages et d’animaux un battant en bois sculpté de motifs de serviettes que. renforcent des pentures en fer forgé et supporte un écusson timbré d’un casque de chevalier aux armes pleines de la maison de Pot ; c’est ainsi qU’elles se lisent sur l’écu tenu par le premier des huit deuillants qui soutiennent sur leurs épaules la dàlle de pierre sur laquelle est couchée l’effigie de Philippe Pot, de son vivant grand sénéchal, puis LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 227 SALLE RAOUL DUSEIGNEUR. — L’AUTRE COTÉ. gouverneur de Bourgogne, cheva-lier de la Toison d’Or,chargé d ‘ hon-neurs et de places par Philippe le Bon, Charles le Té-méraire, Louis XI et Charles VIII, dont le tombeau, actuellement au Musée du Louvre, compte comme un des chefs-d’oeuvre de la scul-pture bourgui-gnonne du xve siè-cle. Rien cepen-dant ne permet d’affirmer que cette porte ait ap-partenu à l’une des résidences de ce diplomate fa-meux (1). Ces éléments dé-coratifs, réunis par le goût raffinéd’ une femme éprise d’é-tudes médiévales, ont été présentés au Musée des Arts décoratifs avec un grand souci de sim-plicité et sans ten-ter une reconstitu-tion dont l’archéo-logue aurait vite démêlé la piiérile pédanterie. Sous un plafond à poutrelles peintes, reproduction d’un original conservé à Avignon ; le lambris se dé-tache sur un dallage de pierres blanches. Un jour tamisé par des vitraux colorés que vient encore aviver l’ocre lumineux dont la muraille est crépie complète l’accord harmonieux d’un ensemble qui préparé le visiteur à l’étude d’une période de l’Art français où se marquaient déjà toutes les qualités de notre race. Grâce à cette libéralité de la marquise Arconati-Vis-conti, qui rappelle le souvenir de l’amateur délicat que fût Raoul Duseigneur, le Musée des Arts déco-ratifs en possédé maintenant un admirable témoignage. LOUIS METMAN. (I) Louis Courajoil. Qnrlquis M011untails de la sculpture bourintignotour au Gaulle des Beaux-AriN, novembre 1885. Voir, du inéme auteur : Leçons pressées d l’Ecole du !.ouvre (1887-1896), publiées par MM. Henry Lemonnier et André Michel. Paris, A. Picard, 1901. Vol. Il, p. 385. FIND ART DOC,