sérieuse et bien étu-diée. Ces deux artis-tes sont le fils et le frère de M. Ma-riano Benl-liure, le grand sculp-teur, au-jourd’hui directeur des Beaux-Arts en Es-pagne, et qui a envoyé à l’Exposition les bustes magnifiques de S. M. le roi Alphon-se XIII et du duc d’Albe. Nous ar-rivons à lgnacio Zu-loaga, dont les premiers envois à Paris soulevèrent, il y a quelques années, tant d’admirations et aussi de controverses. Celui-ci, au moins autant que tous les autres, est Espagnol jusqu’aux yncelles, nourri de la pure tradition, fervent de Velas-quez, de Goya, de Carreno, avec, en plus, le culte pas-sionné du Greco (qu’il collectionne éperdûment). C’est un Basque, donc un aventureux, mais son génie propre sait discipliner son imagination puissante et ses audaces. C’est avec précaution qu’il a subi nos impressionnistes, dont il fréquenta les plus notables, Sisley, Pissaro, Renoir, s’intéressant aussi à Gauguin et à van Gogh. Zuloaga dédaigne les clair-obscur et les gris pour ses modelés, parfois il y emploie simplement les reflets; le plus souvent il modèle avec la couleur même ; ou bien il cloisonne, comme Manet (voir La Loge). Il se sert de vastes pinceaux comme d’une brosse drue dont on aper-çoit aisément les sillons. Encore timide (si l’on peut écrire un tel mot à son endroit) dans sa première manière, il semble d’abord un bon élève français qui s’essayerait dans les sujets espagnols ; mais, bientôt, il s’émancipe,’ peint en pleine pâte, à mesure qu’il-s’éprend de plus en plus de cette terre âpre et dorée dont le spécimen le plus caractéristique se voit à Ségovie. C’est, alors, que Zuloaga prend pleine conscience de soi-même et reporte sur sa patrie tout son acquis français. Il innove surtout LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 221 VALENTIN DE ZUBIALIRRE. – TYPES DE SÉGOVIE. dans la silhouette de ses personnages, dont la hardie présentation parut caricaturale à certains de qui les yeux s’étaient habitués à tant de fantoches fades ou mièvres. Non, ce n’est point de la caricature, mais bien l’exagérationiraisonnée et voulue du caractère (n’est-ce pas, Toulouse-Lautrec ?) Sa ligne d’horizon est fort basse, en général, et le modèle surgit en plein relief ; des nuages lourds créent une atmosphère pathétique et constituent des fonds violets ou d’un gris noir. Parfois, il introduit dans ses portraits une lumière théâtrale, source de surprenants effets, comme il fit pour Made-moiselle Bréval et Dans la loge. Ses adversaires eux-mêmes s’inclineront devant la distinction fière du Duc d’Albe, le sourire énigmatique de Mrs. G., et la grâce féline de ses gitanes_ Bien que -Anglada ne soit pas représenté à l’Exposi-tion, nous devons lui consacrer quelques lignes, car lui aussi est un chef de file. Les Parisiens ont eu plusieurs fois l’occasion d’apprécier son talent, qui n’a point de prétentions littéraires, qui envisage le tableau comme un émail précieux. Sans se lasser, il crée sans cesse de nouvelles harmonie-s : elles caressent les yeux sans faire penser… Il convient de signaler ici un autre absent. José-Maria Sert, décorateur du plus magnifique talent, catalan FIND ART DOC