220 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE bitumineux qui régnait alors dans le clan aca-démique. Sorolla est un homme d’attaque, il sent vive-ment, il voit avec Tapi-dité,et sa dé-cision s’exé-cute sans faiblesse. Donc, son parti étant pris, il se mit à pein-dre clair, usant de tons brillants, préoccupé sans cesse par les reflets, les demi-teintes qu’il ne réalise point par des gris, mais par des violets et des verts com-binés. On me dira que Renoir et ses amis ne furent pas sans l’influencer ? Sans doute, mais le peintre espagnol ne se permit jamais les libertés jusqu’où alla l’École fran-çaise: la persistante influence de Velasquez, nous y avons déjà insisté, règne toujours de l’autre côté des Pyrénées et retient le plus souvent les audaces outrancières. So-rolla, le combatif, demeure toujours sur la brèche, per-suadé qu’il représente la pure tradition espagnole ; sa thèse favorite, c’est que le peintre doit rendre ce qu’il voit, ce que réfléchit son oeil, — et rien de plus. Un récent voyage en Amérique fut pour lui un très grand succès, mais Paris avait su déjà lui conférer I UI.10 ROMERO DE TORRES. une de ses plus hautes ré-compenses. Par sa personnalité vigou-reuse et sa conception ori-ginale de la peinture. Sorolla entraîna toute une lignée EDUARDO ROSAI-ES. FEMME SORTANT DU BAIN. LA MCSE GITANE. d’émules ; ainsi Bar-rai’, qui ex-pose ici les Porteuses d’eau à Ma-jorque et Le Bain. Il a presque tou-jours tra-vaillé à Bar-celone et à Valence, où sa manière est très sui-vie ; l’at-mosphère de Valence, re-marquons-le, offre une luminosité singulière qui crée comme une parenté d’aspect entre tous les peintres de cette province. Citons un autre tempérament remarquable, lgnacio Pinazo Camarlench, largement représenté au Petit Palais, et qui, lui, n’est point troublé par les recherches nouvelles pour rendre bla lu-mière ; sa vigoureuse palette reste fidèle aux-gris, mais des gris superbes ; il subit, évi-demment, la séduction de Goya. Son fils. José Pinazo Mutinez, cultive les tons brillants de l’École de Va-lence, mais il est aussi un bon psychologue. Ses figures de jeunes filles ont une grâce bien attirante (la Rose thé). Joseph.Berilliure n’est pas un révolutionnaire, il recherche les sujets pittoresques et les rend avec esprit : il réalise le ■• peintre de genre (les Enfants de chœur,Valenciana). Peppino Benlliure, jeune pein-tre plein de promesses, est mort à vingt-cinq ans : on regrettera cette courte car-rière en examinant ses Deux Navarraises en costume régional, d’une exécution FIND ART, DOC