216 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE AURELIO ARTEL.. ERRASTI. SORTIE DES BARQUI.›. nales s’abattant sur les Lebrun glacés et les Ponsard pédants. Nos voisins entendirent l’appel et coururent étudier Géricault, Devéria, Louis Boulanger, Delaroche, — et le Maître Delacroix. L’un des premiers fut Federico de Madrazo, qui porte un nom justement apprécié et qui revient plusieurs fois — jusqu’à nos jours — dans l’histoire de la peinture espagnole. Celui-ci est l’auteur de la Dame bleue (la comtesse de Vilches), que nous reproduisons. Nul ne restera insensible au charme de ce visage gracieux et pensif, à la compo-sition élégante de ce tableau. C’est que Federico fut essentiellement un portraitiste, bien qu’ayant composé maintes toiles religieuses et historiques. A première vue, on pense à Winterhalter, mais il ne fut pas son élève, quoi qu’on ait dit… et imprimé. Il sait garder un accent bien espagnol, surtout dans les portraits d’hommes de sa première époque, dont une collection par-ticulière à Madrid con-serve le meilleur spéci-men : le Marin. Sanchez. Au vrai, on peut le con-sidérer comme hésitant entre les classiques et les romantiques, s’ins-pirant des uns et deS autres, sans prendre parti. L’un de ses fils, Raimundo de Madrazo, est un des bons portrai-tistes que l’Espagne a possédés depuis 1870 ; retiré maintenant .à Versailles, il n’expose plus, mais les connais-seurs gardent souvenir de la belle effigie de la marquise de Candamo. Son modelé est ferme, sa manière rapide, et le portrait de Mlle Emma de Madrazo, au Petit Palais, révèle l’admira-teur de Murillo, avec aussi le souvenir du Greco (les mains bien caractéristiques, peintes dans une demi-teinte grisâtre). Laissons de côté tout un groupe d’artistes adonnés aux grands sujets d’histoire, dont les vastes compositions couvrent les murs de maints palais et théâtres de Madrid, les José de Utrera, Carlos Luis de Ribera, Francesco Sans, Casado del Alisal, Antonio Gisbert, et arrivons à deux maîtres considérables, Rosalès et Foi-tuny, tous deux fort bien représentés à l’Exposition On a surnommé Eduardo Rosalès (1836-1873) le « Dela-croix espagnol car il est le grand romantique de la Péninsule. Au début, il s’inspira de Velasquez, puis, dans une manière libre, bien à lui, il aborda l’Histoire, et il arrive, enfin, à l’étude directe, à la réalité. Le public parisien pourra vérifier les stades successifs de cette grande carrière, et admirer la manière sobre et con-centrée de ce méditatif qui garde par là même une place bien spéciale dans la peinture espagnole, d’ordi-• naire plus intuitive, toute d’instinct, et, parfois, dénuée de culture (Goya savait à peine l’orthographe). FIND ART. DOC