t I À RENAISSANCE DE L ART FRANÇAIS ET DES ixpusuziEs DE LUXE 209 LA NOCE VILLAGEOISE (TAPISSERIE DE SANTA BARDARA). l’heure. Certes, vous ne pouvez oublier ces frénétiques. nus comme des démons, qui se mêlent en l’indescrip-tible furie d’un combat désespéré. Vous ne pouvez pas en oublier la couleur en même temps subtile et sinistre… Eh bien, pensez maintenant à l’apparition de Mme de Lazan, et pendant des heures et des journées, vous reviendra l’obsession de ces yeux noirs, de cette taille si souple sous le costume flottant et de toute cette enchanteresse, si simplement posée que la simplicité même est une suprême originalité. Quel démenti Goya oppose à ceux pour qui l’origi-nalité consiste dans la déformation et la grimace! Il est véhément, mais non pas exagéré; il travaille tou-jours dans l’inspiration, et pourtant il sait toujours où il va. Jamais, même dans ses plus déconcertants entrains, il ne se laisse égarer, ni dominer par son sujet, ni trahir par sa main. On connaît des peintures de Goya où il a réduit la couleur à sa plus simple expression, d’autres où il a laissé le dessin jusqu’à la limite extrême de l’abré-viation expressive. On n’en connaît pas où l’on puisse constater une défaillance. Or, dans ces portraits de femmes, comme celui de Mme de Lazan, comme celui, également si charmeur et si simple de la Duchesse d’Albc exposé au Petit Palais, Goya se montre subtil et tendre par les mêmes moyens picturaux qu’il sait être hautain ou caustique. Rarement peintre s’est montré à un égal degré, pour employer la jolie expression d’un raffiné disparu, u maître de sa joie n. Il est presque impossible, avec un être tel que Goya, de séparer l’homme de l’artiste. Aussi, avec quel plaisir saisissons-nous l’occasion de nous remémorer sa vie en présence de ses tableaux. Il appartient, par sa naissance (1746), au n’►lle siècle, dont il conserve toujours l’in-dépendance d’esprit, la parfaite aisance et l’exception-nelle distinction. Mais en même temps, prolongeant sa vie jusqu’en 1828, il a eu trop de sensibilité et de péné-tration pour ne pas avoir pressenti le romantisme, et pour n’y avoir pas, aussi, participé en tant que créa-FIND ART DOC