LE COLIN MAILLARD. – TAPISSERIE DE SANTA BARBARA. L’ART DE GOYA LES hasards de l’actualité, — mais est-ce bien le hasard ou ne serait-ce pas plutôt le fait d’une latente et mystérieuse harmonie des idées, —m’amènent à traiter, dans le même numéro, après avoir rendu hommage à l’universel génie, à la vivifiante pro-fondeur de Léonard, de l’ensorcelante verve, de l’indis-ciplinée spontanéité, délicate et sauvage à la fois, de ce magicien : Francesco Goya y Lucientes ! Oui, en vérité, il semble que les circonstances aient ainsi voulu ménager un triomphe de l’art des races latines. Le quatrième centenaire de Vinci coincide avec cette merveilleuse exposition du Petit Palais où Venise et Madrid font assaut de gloire, et déploient les éblouis-sements de leurs siècles heureux, pour venir en aide à cette autre grande soeur latine, la France, torturée par les talents de haine et de destruction des races germa niques. Sans faire de comparaisons entre de si admi-rables et si enchanteresses rivales, on peut dire que l’exposition des Goya au Petit Palais est un des brillants événements artistiques de ce dernier quart de siècle, sans compter l’éclipse de deuil des cinq années qui viennent de passer comme un mauvais rêve. J’en-tends, naturellement, par événement artistique, un évé-nement d’enseignement tel que celui-là. Il n’est pas donné à tout le monde de pouvoir aller en Espagne, étudier pendant de longues semaines les plus beaux portraits, les plus importants cartons de Goya, ainsi que les tapisseries, fraîches comme si elles étaient tissées d’hier, exécutées d’après ces créations qui comptent