192 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE TIEPOLO. — LA NOBLESSE D’UDINE AU CONSEIL DE L’ORDRE DE MALTE. (dIVSEE CIVIQUE D’UDINE). Il al t 1, . perfections que celles de la gorge. En un mot, c’est une portraitiste et ce n’est que cela : une portrai-tiste qui veut être invitée et faire figure parmi ceux dont elle donnera l’image à la postérité. Parfois, u elle a modèle », entre deux séances aristocratiques. Elle a fait venir quelque jeune fille du voisinage qu’elle assied près de -son chevalet et à laquelle elle donne quelque pose contournée, comme si, par la fenêtre ouverte, venait d’entrer une colombe, faveur au col et portant missive dans son bec. Rosalba se sert du tortillon et de l’extrémité de ses doigts pour frotter, pour frotter longtemps, le pastel qui va devenir la chair, la pâle chair de ses modèles. Elle craint si peureusement qu’on vienne lui reprocher d’avoir fait une ride ou laissé voir les premières atteintes de l’âge, qu’elle donne plutôt l’apparence d’un reflet que l’image d’une réalité à ses effigies. Ce sont des spectres souriants, couronnés de petites roses. Le métier de cette femme de talent est d’une rare adresse. Sa mauvaise vue, qu’elle avait peut-être fatiguée dans sa jeunesse à peindre des miniatures sur des tabatières et de petites boites ou des motifs de points pour Burano, sa mauvaise vue lui assure l’engouement du public élégant et des femmes sans beauté. Elle vient en France où le Salon et l’Académie lui ouvrent leurs portes. La cour d’Au-triche ne lui fait pas moins de frais. Elle devance Éli-sabeth Vigée-Lebrun, qui réussira plus brillamment encore sa carrière mondaine et, comme elle, écrira quelque jour des mémoires. Les pastels exposés au Petit Palais, s’ils ne donnent point le meilleur de cette artiste, dont le nom charmant est encore prononcé avec satisfaction et admiration dans les salons, nous offrent d’excellents spécimens de son àrt. Pietro Longhi nous fait penser aux Mémoires de Casa-nova. Il évoque la richesse et la crasse de cette Venise où la population est si dense dans la prison de sa lagune que le vice s’y épanouit avec de plus chaudes couleurs, un arome plus pénétrant que partout ailleurs en Europe. Dans cette misère ambiante, indélébile, des pays méri-dionaux, l’extrême galanterie voisine avec le désordre encombrant des besoins domestiques. Chardin nous montre — point de comparaison entre le talent de ces deux peintres ! — la pourvoyeuse revenant du marché, la mire laborieuse, etc., dans le cadre d’une cuisine, d’un office ou d’une chambre modeste; mais nous ne pouvons ignorer où nous sommes. Avec Pietro Longhi, nous avons l’impression d’être reçus dans un salon où le ménage FIND ART DOC