LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE FR. GUARDI. — DESSIN A L’ENCRE DE CHINE. (MUSÉE CORNER, VENISE). , Toutes les caractéristiques de Guardi se retrouvent spécialement dans l’Incendie des Magasins d’huile à S. Marcuola ; on y voit une foule surprise, mais peu effrayée, car, massée de l’autre côté du canal, elle se sent à l’abri du danger. Les flammes s’élèvent peu à peu et la fumée obscurcit le ciel ; la façon dont sont notés les personnages, tous vus de dos, mais expressifs et campés avec unè sûreté de main incroyable, la distri-bution des_ ombres sur les murs, la vie que Guardi sut faire tenir dans cette étroite feuille de papier donnent la mesure de son génie et de son esprit. Parmi les feuillets du Musée Correr, est un dessin du théâtre de la Fénice, construit sur le Campo S. Fantino en 1791, deux ans avant la mort de Guardi. Un autre montre l’entrée du Cannaregio avec le palais Labia et l’église S. Geremia, composition semblable au tableau de la Collection IZichter, à Londres ; des vues des villas de la Brenta, entre autres de la Villa Pisani, à Stra, dont il reproduit le Labyrinthe. Il y a encore plusieurs études de gondoles sur l’eau d’un canal ; l’île des fous : S. Servilio ; le château S. Angelo. Plus nombreuses encore sont les esquisses que son imagination lui inspira. Ce sont des « Cappricci architettonici » à la manière de Marieschi et de Canaletto, mélange d’architectures et de paysages animés par des figures pittoresques qui leur communiquent une certaine vraisemblance ; de la vérité, ils en ont par eux-mêmes tant Guardi sut leur insuffler une vie intense. D’autres dessins sont dispersés dans les Musées et les Collections particulières. Il y a, dans la Collection Biron, une merveilleuse série de lavis; un des plus complets et des plus importants représente une Course de gon-doliers (i). Si Canaletto est avec Guardi à la tête des innombrables peintres qui élirent Venise comme sujet préféré, Guardi est seul « à la tête de la longue liste des maîtres qui ont idéalisé Venise »- (2). En reprenant le mot que l’on a appliqué aux deux grands tragiques français, on peut dire que l’un peignit sa ville telle qu’elle est, l’autre telle qu’elle devrait être. Celui qui voit Venise pour la pre-mière fois a peut-être les yeux de Canaletto. Celui qui la connaît mieux et l’aime davantage, la verra toujours comme Guardi l’a peinte. DARIA LAPAUZE-GUARNATI (s) Catalogne de la vente Pierre Decoureelle, N. roo, p. 74, 19n. (2) Georges Simonson Francesco Guardi, p. 70. FIND ART DOC