184 ELN. XrE, DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE la voyait. Gentile Bellini, illustrant le même miracle, représenta une fois la place Saint-Marc, une autre fois un rio. Dans les Lions de Sain!-Marc et autres décora-tions pour le palais ducal, quelques artistes du xve et du xvie siècle évoquèrent la Dominante par de rapides indi-cations. 4 la fin du xvile siècle, Venise attendait encore son.peintre. Une fois l’élan donné, elle devait en avoir d’innomllrables dans tous les pays : très peu se mon-trèrent dignes d’elle. Les Vénitiens du xville siècle se partagèrent la vie de leur cité. Goldoni, dans ses comédies, peignit les moeurs; Longhi décrivit les scènes d’intérieur; la Rosalba portraictura ses contemporains ; Canaletto et Guardi s’attachèrent à l’aspect extérieur de Venise. Antonio Canale, dit le Canaletto,est né en 1697. C’est à son retour de Rome où il avait suivi Panini dans l’étude des ruines antiques, qu’il se consacra presque entièrement à la glorification de la lagune. Un peintre médiocre, Luca Carlevaris (1665-1718) avait déjà com-mencé à tracer de Venise des vues fidèles ; mais Cana-letto doit être considéré comme le premier portraitiste de Venise. Il l’a représentée sous son aspect de chaque jour, avec l’animation que lui donne le va-et-vient des gondoles et des barques (i) ou bouleversée par une (z) Louvre, le Grand Canal devant la Sainte, N. 1203. Londres, National Gallery : le Grand Canal devant S. Simeone il Piccolo, N» 163. Venise, Académie : Scuola di S. Marco, NO 494. FR. GUARDI. — LE RIO n DES MENDIANTS. ( Ac.‘08mit CARNARA. Brio; NI’). FR. GUARDI. — LA DOUANE A VENISE. (BustE POLDI-PEZZOLI, MILAN). fête (r). Il fut le portraitiste le plus précis qui se puisse imaginer ; on pourrait lui faire le même reproche qu’à Gentile Bellini, le peintre qui, deux siècles plus tôt, avait donné de Venise une image sincère, mais froide. Certes, dans les peintures de Canaletto, l’air circule plus libre-ment que chez Gentile Bellini et si son élève Bernardo Bellotto est parfois encore plus sec que ce dernier Canaletto n’est jamais aussi froid que lui ; mais il se borne trop souvent à la ‘correction parfaite ; plus avant dans le xvilie siècle, un autre peintre de Venise, que par opposition on pourrait rapprocher de Carpaccio, ne connut pas ce défaut ; sa pâte est plus grasse que celle de Canaletto et son coloris plus léger. Canaletto connut l’Angleterre et l’Allemagne ; il y travailla beaucoup, exécutant des vues de Munich, de Londres et de ses environs. Ses oeuvres sont facilement reconnaissables à leur facture lisse ; les petits person-nages qu’il place au Ranelagh, aux fenêtres d’une maison, sur un quai ou dans une barque sont bien campés et s’harmonisent avec l’entourage. L’ensemble s’impose aux regards par la netteté, et à l’esprit par sa scrupu-leuse exactitude. Canaletto se servit le premier de la chambre noire, utilisant tous les moyens pour rendre encore plus ressemblant le modèle choisi. Parmi ses toiles, les plus justement célèbres sont, au Louvre : l’Église de la Salade (2) ; à la National Gallery : la (t) Londres, National Gallery : Régales sur le Grand Canal, N. 938. Milan, Palais Sormani: l’Ambassadeur impérial st rendant au Palais ducal. (2) N. t203. FIND ART, DOC