végétale. Peut-ètre même se fit-il sider pour achever les Scènes chi-noises de la Villa Valma-rana (1). Le feuillage grê-le et retom-bant d’un ar-bre n’est pas sans rappeler le feuillage de ses sapins. C’est dans les Scènes. rustiques que Tiepolo s’a f-firme peintre de paysage ; ici. en effet, apparaissent des arbres visiblement étudiés d’après nature, suivant la tradition de Titien ; quelques ormeaux s’alignent au bord du chemin ; les cyprès et les pins parasol sont relégués à l’arrière-plan. Tiepolo a choisi des motifs extrêmement simples : des arbres qui abritent un groupe :de tra-vailleurs, un terrain boisé auprès d’une maison, une route ensoleillée tachée de noir par les ombres des paysannes ; sous les rayons du soleil tamisés par les nuages, une ville se devine, dans le lointain, des oiseaux emplissent le ciel de leur vol rapide. Il émane de ces quelques fresques une impression de vérité surpre-nante ; la façon dont la lumière est distribuée, l’aspect des arbres noueux qui se dressent au premier plan ou se perdent dans la brume, les ondulations du terrain, la muraille de bois aux planches usées qui se disjoignent, tout cela est ingénieusement noté, la « vision de la nature prend, chez Tiepolo, une ingénuité, une sincérité qui annoncent les paysagistes modernes » (2). Trois fresques à la Villa Valmaranereprésentent des épisodes du Carnaval. Carnaval de Venise, bien entendu, ainsi que l’atteste l’accoutrement des promeneurs ; Tiepolo a prodigué en cet honneur ses couleurs les plus franches ; des maisons vénitiennes avec leurs altanes et leurs cheminées hottées. A Wurzbourg, au palais épiscopal ; à Madrid. au palais royal ; à Venise, au palais Labia et dans les églises LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 183 EMIL PÈTE POUR LE MARIAGE DU DAUPHIN AVEC MARIF:JOSÈPHE DE SAXE. • (COLLECTION nt SENATEER 1. ALKENTINI, MILAN). (r) Cf. Pompe° Molmenti : Tiepolo. Traduction par de Pcrcra, p. r66. (2) PompeoNolmenti : op. cit., p. 16;. Ci la variété et la grâce du génie de Tiepolo. plus près de lui ; il semble qu:.on va le voir entrer, sa palette à la main, un sourire spirituel et moqueur au coin des lèvres, tout prêt à jeter sur le mur ses person-nages si vivants et si pittoresques, ou ses motifs de paysage d’une fra icheur exquise. On oublie presque le Tiepolo des plafonds somptueux, des splendides salles de bal, des sévères tableaux d’autel pour se laisser charmer par ce côté plus original et nouveau de son esprit. C’est comme si après l’avoir vu pendant longtemps présider à des fêtes solennelles, on vivait quelques minutes dans son intimité : c’est inattendu et délicieux. Gian Domenico, son fils, fut son meilleur élève ; on retrouve dans le fond des oeuvres de cet artiste les motifs de paysage et d’architecture qui avaient carac-térisé Tiepolo (z). où le grand Vénitien du xvnte siècle dispensa ses prodigieuse s décorations, on admire d’abord, et souvent on est ensuite séduit ; à la Villa Valma-rana, surtout dans les chambres qui contien-nent les Peintures à la chinoise, les Scènes rustiques et le Carnaval, on est séduit d’abord, puis l’on admire On se sent là * # * L’École vénitienne la plus originale du xvme siècle, fut celle des peintres de la lagune. Au xve et au xvie siècle, on a pu remarquer combien rarement les artistes avaient fixé dans leur oeuvre l’image de Venise. Carpaccio, en retraçant l’histoire de sainte Ursule, avait été hanté par sa lumière et son atmosphère; il avait même donné aux cités de Bretagne, d’Angleterre et d’Allemagne, des points de ressemblance avec elle; dans le Miracle de la Croix iLavait enfin.pu montrer Venise telle qu’il (t) Venise, Oratoire de S. Paolo : Chemin de Croix; Zianigo, Villa de Tiepolo Deux personnages du x.vm’ 3 FIND ART DOC