LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE rafraîchie par le passage d’un cours d’eau, close par des montagnes bleues. Parfois il se rapproche beaucoup de Zuccarelli ; d’autres fois, au contraire, sa peinture est plus sèche, mais moins léchée ; et c’est alors qu’il dépasse son maître. Ses personnages, empruntés à l’histoire ou à la légende, ne sont pas toujours rejetés au rang d’acces-soire ; mais ce ne sont tout de f même que des figurants qu’il pourrait suppri-mer sans nuire à l’intérêt du tableau. Zais, comme son maî-tre Zucarelli, comme son pré-décesseur Marco Ricci, et comme son contempo-rain Diziani, limitait,:sans doute, son ambi-tion à retracer, dans un cadre étroit, un décor aimable sous une lumière tou-jours à peu près pareille (z). Un disciple de Sebastiano Ric-ci et de Gregorio Lazzarini, Gas-pare Diziani, né à Bellune, vers 1690, fut .c spé-cialement ap-précié pour ses décors de théâ-tre » ; (2) peut-être est-ce pour celaqu’il peignit ses tableaux comme on brosse un décor ; avec lui, c’est le paysage histori-que sans grand caractère, sans aucune signification, ni por-tée. Que Moïse soit représenté devant le Buisson ardent, ou recevant les Tables de la Loi, il n’est rien autre qu’un simple accessoire devant une mauvaise toile de fond (3). 179 Les Carrache, qui tenaient probablement leur goût et leur connaissance du paysage de Titien, étaient déjà très inférieurs à leur modèle ; mais il faut bien recon-naître que si les artistes de l’École bellunoise cherchèrent à 13ologne des enseignements directs ou si leurs maîtres génois et autres leur apprirent la tradition des Poussin, des Lorrain, des Carrache et même des Sal-vator Rosa, ils surent guère un profiter ; aussi créèrent-ils un art éphé-mère qui mourut fort heureuse-m..nt avec eux. Michele Ma-rieschi fut un excellent pein-tre de perspec-tives (z). Il est incomparable-ment plus re-marquable que les Ricci, les Zuccarelli et les Zais. Élève de Panini, qui était devenu célèbre par ses beaux tableaux d’ar-chitectures exactes ou fan-tastiques, il montre un goût semblable pour les nobles or-donnances ; mais il va de préférence aux paysages com-posés où les fûts de colonnes, les ponts pittoresques, les ruines ensoleillées, les arcades rongées par la mousse, les pyramides effilées où la lumière s’accroche, les places dallées de marbre et bordées de constructions, où devisent de joyeux com-pagnons aux manteaux bleus, rouges ou bruns, les grands arbres au, bord de l’eau, les villes au pied de la colline, les troupeaux sous la conduite du pasteur. Il y a chez lui un effort pour intéresser, par la diversité des construc-En haut : CANALETTO. — LE GRAND CANAL. (CALERIE DF.S OFFICES, FLORENCE). En bas : CANALETTO. — LE GRAND CANAL. (GALERIE DES OFFICES, FLORENCE). (r) V. les meilleures toiles de %ais :1 Padoue. Mus. Civ. : Paysage avec bergers et fileuses. Bergame, Académie Carrant Paysage avec abreuvoir. Venise, Acadé-mie : A gar et ‘ange; Tobieetl’ange, X.»72 I et 722; Palaisroyal :Scènes champi-lem Londres, National Gallery : Paysannerie; A u bord de la riviere,N. t 296 et 1297. (2) Corrado Ricci : Italie du Nord, p. 85. (3) Acad. de Venise, No• 459 et 46o. (I) Sur Michele Mariescln, longtemps mal connu, voir une étude, Gino FOgOigni, dans le liollettino d’une del Minister° dell’ I. P., rom), p. FIND ART DOC