178 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE à gauche, de grandes marguerites jaunes à droite, mêlent leur fraîcheur et leur grâce à la beauté un peu triste des statues brisées, des portiques rongés par l’eau et le temps ; des briques rougoient encore sous le soleil couchant. Par-tout de vifs contrastesentre la lumière et l’ombre épaisse sous un ciel clair encore ani-mé par des nua-ges de pourpre dorée. L’ensem-ble est très dé-coratif. On l’a vu, Marco Ricci affectionne les bouleaux au feuillage clair ; il aime les pins parasols, les sa-pins, les cyprès; les torrents semblent l’avoir séduit, peut-être parce qu’ils communiquent la vie à un pay-sage qui, sans eux, en serait privé. On re-trouve ces dé-tails dans ses dessins où l’ar-chitecture, sem-blable à celle du tableau de Vérone, tient une place capi-tale et qui té-moignent d’une imagination exubérante. d’un don pour les effets déco-ratifs. Quelques-uns de ces dessins sont de véritables compositions et excitent peut-être plus l’intérêt que ses tableaux, car sa peinture est, le plus souvent, léchée, et d’une couleur factice et déplaisante (1). Francesco Zuccarelli, né à Pitigliano, en Toscane, vers 1702, jouit à son époque d’une faveur bien au-dessus de son mérite. II n’a pas la fougue que manifestait parfois Marco Ricci. Son coloris est froid et banal. Il abuse des roses, des verts clairs, des bleus pâles par un désir de plaire qui ne sait pas se bor-ner. Des bergers avec leur trou-peau, des cava-liers, des pay-sans, des lavan-dières évoluent dans le cadre le plus conven-tionnel qui soit; le feuillage des arbres est aussi mal connu par Zuccarelli que par les plus maladroits paysagistes du xvesiècle. Le ciel bleu est par-semé de nuages roses ou blancs; le fond bleu des montagnes est aussi peu con-sistant que chez les plus faibles imitateurs de Bonifazio. Pres-que du même âge que Zais, s’il a été son maitre, on ne peut pas dire qu’il en sut plus que son élève ; au con-traire, celui-ci lui est quelque-fois un peu su-périeur. (1) Giuseppe Zais, de Venise, est surtout habile. Il choisit généralement une contrée accidentée, boisée, animée par la présence d’un village et de figures accessoires, En haut : FR. GUARDI. — L.ILE SAINT-GEORGES. (MUSÉE DE MODÊNR). En bas : FR. GUARDI. — LE GRAND CANAL. (slUse.E DE LA BRERA, MILAN). (t) Louvre : dessins de paysages avec ruines. Venise, Galerie Querini-tampalia : dessins de paysages avec fabriques — ) Voir quelques tableaux caractéristiques de la manière de Zucearelli à Venise. Académie, Paysages avec figures eranimaux. N. 449. Milan, Musée Cavaliers sur un chemin au bord de l’eau. Bergame, Académie Carrara : Paysans, Pécheurs et Bergers au bord de l’eau. FIND ART, DOC