174 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE dessin, dont nous avons tout à l’heure brièvement résumé les applications sans nombre, l’incalculable portée. Que tous l’avouent, maitres comme élèves, jeunes gens comme vétérans, amateurs comme amou-reux d’art, nous nous étions singulièrement éloignés de ces profondes notions du dessin, art essentiel. Une arabesque, un croquis parfois même informe suffisaient à faire pâmer ceux qui croient donner le ton et ceux qui croient comprendre les arts. Tous, plus ou moins fourvoyés, étudions longuement nos Léonard retrouvés. (Et je ne parle pas seulement de la Joconde). Mais que l’enseignement de l’Ecole même des Beaux-Arts, si négligé en ces dernières années et, osons le dire, si négligeable, soit renouvelé d’après l’exemple et les leçons suprêmes de Léonard. Que des Sociétés d’exégèse et de vulgarisation de son oeuvre se constituent. Il ne manquerait pas, si on voulait bien faire sortir les uns de l’ombre et les autres de l’erreur, de maîtres capables de reprendre cet enseigne-ment et de jeunes gens capables de le suivre. Il faudrait que tels des, esprits élevés qui ont étudié ses manuscrits ÉTUDE D’ENFANT. – DESSIN. (COLLECTION BOSSÂT.) I TC DE DE FEMME. (MUSÉE DE BAYONNE.) puissent se dévouer pour en faire des éditions accessibles à la jeunesse. Péladan,que nous citions plus haut, avait commencé de travailler heureusement dans ce sens. Est-ce à dire que Léonard devrait, d’après nous, exercer sur les arts une influence exclusive, tyrannique, et faire le seul aliment pour la régénération nécessaire ? Nous nous serions mal fait comprendre si l’on inter-prétait ainsi notre pensée. Il faudrait, au contraire, que la haute lumière qui se dégagerait de ces leçons, éclairât celles que nous offrent les autres grands maîtres. L’his-toire même de Léonard y contribuerait. Ses leçons prévaudront à mesure que cette histoire sera de plus en plus élucidée et comprise, et déter-minée sa place dans l’évolution de l’esprit humain. C’est pour cela que nous avons dit tout à l’heure qu’il devait être considéré comme la personnification la plus complète, la plus auguste, de la Renaissance dans toutes les acceptions de ce terme. Pour ne prendre que la plus restreinte, n’est-il pas visible que Léonard, élève de Verrochio, sort non pas des peintres, si grands soient-ils qui l’ont précédé (seul peut-être Masaccio excepté comme prédécesseur ayant avec lui le plus d’affinités), mais bien de lui-même, et de lui seul, et qu’il, est malgré le génie de Raphael, l’initiateur de celui-ci, bien plus que Pérugin ? Ainsi donc, tous ces génies se complètent l’un par l’autre, s’enchaînent l’un à l’autre. FIND ART DOC