172 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE très atteintes par le temps. Il y a plus, vous pouvez déjà presque en avoir une idée par les images ici repor-tées, qui sont elles-mêmes,cependant, des reproductions de reproductions de ces peintures si éprouvées. Or, tout rayonnement peut se mesurer avec précision. Seule la négligence des hommes, plus ap-pliqués aux luttes qu’aux contempla tions, aux guerres qu’aux rêves, a retardé cette science réservée pour l’avenir. Alors on pourra commu-niquer et commu-nier plus intime ment avec le, grands maîtres émouvants et émus. Tel est le bien-fait de Léonard et de son oeuvre, nous excitant aux spé-culations les plus hautes et les plus pures. Son exemple, de même, est le plus ardent et le plus beau des stimulants, car tout enseignement artistique bien compris devrait pousser à conquérir cette universalité qui, maintenant, nous étonne et nous semble un extraordinaire privilège. Elle est devenue à peu près introuvable de notre temps, ou n’existe guère qu’appliquée par de rares artistes en un tout petit nombre d’occasions. Chez lui pourtant, elle était toute naturelle et conforme à la logique même de l’art. Plus d’un maître de son temps la pratiquait. Car cette soi-disant universalité n’est, au vrai, que l’application à diverses matières d’une seule et même /acullé. Et cette faculté c’est celle du Dessin. Tout se ramène au dessin. La peinture, la sculpture, l’architec-ture, la construction des machines, c’est encore, et tou-jours du dessin. Le morcellement, la spécialisation sont, au fond, de pures monstruosités. Seule l’intelligence est plus ou moins vaste, plus ou moins souple, et, par suite, SAINTE ANNE. — DÉTAIL DE LA SAINTE FAMILLE. (MUSÉE DU LOUVRE). plus ou moins apte à s’appliquer à un plus grand nombre d’objets. Aussi rions-nous, n’est-ce pas ? nous qui sommes habitués à interro-ger ces grands maî-tres, quand nous voyons acclamer par des snobs ou vanter par des fai-seurs, de pauvres infirmes qui ne peuvent même pas ajuster trois lignes et quatre taches et qui prennent la contorsion pour l’originalité, la grossière sensation pour la force. Mais nous serions indi-gnes de servir la vérité si nous dou-tions d’elle malgré ces maladies pas-sagères, malgré ces éclipses momenta-nées du sens du beau. Le lumineux centenaire de ce grand génie, sur-venant après une des plus effroyables secousses de barbarie qu’ait connues le monde moderne, devrait être le signal d’un retour à ces vérités éternelles. Toutefois, il ne suffit pas d’y revenir en paroles et en intentions. Il faudrait que, dès maintenant, et malgré les luttes que nous devrons encore soutenir pour la vie, l’idéal recommençât à revendiquer ses droits, et que des résultats pratiques, sans lesquels l’idéal lui-même n’est que fumées, fussent visés. Expliquons-nous brièvement avant de conclure. Avec le centenaire va coïncider une exposition dans des salles provisoires, au Louvre, des, peintures et des dessins de Léonard que nous avons l’honneur et le bdiiheur de posséder. Que cette manifestation ne serve pas seule-ment à des curiosités oisives, à des extases platoniques et conventionnelles. Mais que l’étude de ces oeuvres, pour la première fois groupées d’ensemble, soit l’occasion d’un complet renouvellement, chez nous; de I’ FIND ART DOC