170 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE dérivative ? Et qu’est-ce que la lumiè-re ? C’est-a-dire ténè-bres,lumière, couleur, corps, site, figure, éloi-gnement , proximité, mouvement , et repos, tou-tes choses que l’esprit comprend, sans opéra-tion manuel-le. Tout cela forme la science de la peinture qui rentre dans l’esprit de ses observa-teurs. D’elle naît ensuite l’ op é ra i on vraiment di-gne de cette observation. » La plupart des pein-tres de notre époque, qui donnent tout à la. sensa-tion, pour satisfaire un public qui a fini par croire que la sensa-tion est tout en art, ne fe-raient-ils pas bien de se pénétrer de cette nécessité de penser, de concevoir, par où seule l’art véritable pourra se remettre de la décadence actuelle ? Léonard n’est pas seulement peintre par les couleurs et les lignes. Plus d’une fois, il lui arrive de décrire des choses qu’il a vues ou imaginées, et qui le soulageaient des tableaux qu’il n’avait pu faire. Nous nous souvenons, entre autres,d’une effrayante et magnifique description de l’île de Chypre et de ses récifs. On la voit, en réalité. LA JOCONDE. – MUSÉE DU LOUVRE. Observa-teur infati-gable autant que magni-fiquement calme, il for-mule, en des phrases sai-sissantes, les règles que tout artiste (et pourquoi ne dirions-nous pas: tout écri-vain?) de-vrait cons-tamment songer à sui-vre. Celle-ci parexemple: ■■ Ne manque pas d’étudier dans tous les lieux où tu vas pour te distraire, les sites, les actions des hommes. » La profon-deur de son regard lui permet de voir en même temps, pour ainsi dire, la surface et le dessous des visages: Ce que tu as de bestial en toi, écrit-il terriblement, se reproduira en tes oeuvres ». Quel ‘avertissement pour nous d’avoir à nous raffiner, à nous surveiller sans relâche ! Le côté bestial de l’homme, que notre époque aura étudié en lui-même avec prédilection, aurait-il échappé à ce regard souverain ? Non, certes; mais peintre de la plus pure suavité, il aura aussi disséqué la laideur jusqu’en ses outrances caricaturales, toutefois sans l’admettre aux horreurs de la peinture, et seulement en croquis fugitifs. En revanche, quelle émotion devant ce qu’on pourrait FIND ART DOC