168 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE DESSIN A LA SANGUINE. — MUSÉE DES OFFICES (FLORENCE). l’Académie Royale, cette merveille : le carton pour notre Sainte Anne, du Louvre, et qui est peut-être le plus beau dessin du monde ! Enfin, comme, suivant la conception si profondé-ment vraie de Shakespeare, le grotesque se mêle à tout complet poème, l’Allemagne, en ces dernières années, cependant qu’elle préparait en cachette l’assassinat de la France, dégoûtait l’Italie et révoltait l’Angleterre, n’a fait de bruit en cc qui concerne Léonard de Vinci, que par une mésaventure à jamais ridicule. L’Envieuse voulait avoir, elle aussi, son Léonard le plus célèbre. Par les soins de Bode, elle achète à des prix fabuleux, et trompette cette acquisition aux quatre vents du ciel,… une figure de cire, la Flora, qui se trouve être reetivre d’un honorable praticien moderne, — anglais! Pour que l’incident soit pliis complet et plus significatif, Guil-laume II, qui était un bouffon avant d’être un bandit, déclare : Je veux que ce buste soit tout de même de Léonard ! Mais, dans Shakespeare même, le clown ne tient qu’une place secondaire auprès des héros. Écartons donc ce petit intermède que nous avons dû, toutefois, rappeler, parce qu’il se trouve être symbolique, et montons de nouveau avec Léonard sur les sommets. Nous devons trouver, et nous trouvons, disons-nous, des raisons d’espérer et de croire, dans ce mouvement d’émotion, dans cette minute de recueillement qui ont charmé et étreint les coeurs au rappel du centenaire de Léonard et qui ont reposé un instant les esprits des préoccupations de l’heure présente. C’est qu’en effet, toutes les tendances les plus hautes de l’homme ont sollicité ce grand homme et l’ont splendidement inspiré. Peintre, il a tiré des aspects de la nature et de la forme de l’être humain des expressions qui en sont comme l’essence la plus pure, et qui donnent le mieux l’idée de la perfection jamais atteinte, mais toujours possible. Sculpteur, il avait, sans aucun doute, réalisé la plénitude des volumes et la certitude du mouvement (le mouve-ment suggéré par l’immobile, grand prestige de l’art !) Quand on considère le chef-d’oeuvre hors de pair qu’est le Colleone de son maître Verrochio, on rêve de ce que pouvait être le François Sforza de Léonard. Calculateur, peseur d’éléments et de forces, poète du Chiffre et de la Ligne, il avait appliqué son intelligence à tous les pro-blèmes que l’homme a infiniment plus de peine, de mérite et de gloire à retrouver par la pensée que l’animal à pratiquer par instinct. C’est ainsi que non seulement, entre des centaines d’autres recherches, il suit, il analyse le vol des oiseaux dans l’espace, mais encore il voit comme s’ils étaient en action déjà, les appareils à s’élever et à se diriger dans l’air. Bien plus! Il invente le sous-marin ; mais il écrit expressément qu’il ne confiera LA bIONACA. — PALAIS PITTI (FLORENCE).