L’ANNONCIATION. — MUSÉE DES OFFICES. LÉONARD DE VINCI si malgré les retours offensifs de la primitive bar-barie, les difficultés de remettre en équilibre la vie de l’univers compromise et gâchée par une race orgueilleuse et cupide, quelque chose peut prouver que l’idéal est invincible, immortel, c’est bien les fêtes augustes autant que simples, qui, ce mois-ci réunissent, une fois de plus, les croyants du Beau dans un élan d’élé-vation fraternelle. Voilà quatre cents ans que Léonard de Vinci est mort, et qu’il est mort en France ! Et il se trouve que ce qua-trième anniversaire aura plus d’intensité, plus de beauté et de portée morale que n’en eurent tous les précédents. Et, à mesure que s’éloigne le temps qui vit naître et pal-piter cette prodigieuse figure, elle grandit à la fois en majesté et en bienfait intellectuel. Plus elle se détache sur la lumière qui crée, plus elle fait paraître haïssable et maudite l’Ombre qui engloutit. Remarquez simplement ceci, qui est équitable et ma-gnifique : les Allemands seuls ne seront pas jugés dignes et seront dans l’incapacité de fêter le suave et sublime génie qui a éclairé des horizons nouveaux, alors que l’Italie, la France et l’Angleterre seront au premier rang des peuples dignes de l’honorer. Comme tout est logique et harmonieux dans le do-maine de l’idéal! L’Italie donne naissance à Léonard, et de même que cette terre se trouve placée, historique-ment et géographiquement, entre le monde antique et le monde moderne, entre la pensée des temps révolus et celle des temps nouveaux, elle enfante et forme cet esprit qui représente, pour ainsi dire, la ligne de partage des eaux entre l’art ancien et l’art à venir, et qui personnifie, par excellence, cet événement, ou plutôt tout cet ensemble immense d’événements : la Renaissance ! D’autre part, c’est la France, terre d’asile, refuge de toute liberté, radieuse instigatrice de toutes les émanci-pations, qui appelle, accueille le grand vieillard assombri, lorsque son pays natal est trop troublé pour qu’il y trouve la paix et la joie. C’est la France, enfin, qui recueille son dernier soupir et le couche pieuiement dans la terre d’une de ses plus riantes et de ses plus volup-tueuses provinces. En récompense, elle reçoit de lui pour le compte du Monde civilisé, la garde de ce qu’il y a peut-être de plus doux et de plus précieux pour l’huma-nité : le Sourire du plus doux et du plus mystérieux des portraits de femme ! L’Angleterre, à son tour, n’est point exclue du par-tage, en tant que noble et profonde méditatrice et média-trice. Pays, elle aussi, ik graves penseurs et de pas-sionnés théoriciens du Beau, elle possède, parmi les richesses de sa Société artistique la plus célèbre, 2 FIND ART DOC