LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE venance de ces tableaux ne leur est pas seulement une garantie absolue d’authen-ticité, mais encore la meilleure des réfé-rences. M. Castagnary, écrivain et critique d’art, fut lié avec Courbet, d’une solide et durable amitié ; elle ne se termina qu’avec la mort du peintre. Il avait pour l’artiste, dont il devint en quelque sorte l’apôtre, une admira-tion chauklé et vibrante. H soutint la cause de soin ami dans des articles où il mettait en relief ses qualités, où il expli-quait en quoi consistait sa supériorité, par de vives polémiques engagées dans le moment même où Critirbet se voyait le plus discuté. Trois toiles. sur les huit qui font l’objet de l’acquisition, retiendront plus parti-culièrement l’attention. L’Homme d la pipe, petit tableau un peu sombre mais d’un charmant ro-mantisme et de la plus précieu se exécution; il est de la même facture et sans doute de la même époque que Les Amants. dont il existe deux répli-ques. l’une au Musée (le Lyon, l’autre au Petit Pa-lais. La seconde toile, datée 1867. repré-sente une jeune femme assise devant un coffret à nable au personnage qui se livre au repos sous l’accablante chaleur d’un jour d’été. On devine, à l’inertie veloutée du regard, que le sommeil ne tardera pas à erfvahir ces paupières. C’est un admirable mor-ceau de peinture qui fera grand honneur au musée ou à la collection particulière où il entrera. Nous nous sommes aperçus, d’ailleurs, que le prix des Courbet — et c’est justice — ne baisse pas… Au Maroc. ( )n ne lit guère le Bulletin officiel du Maroc ; on y pourrait cependant glaner parfois d’intéressantes indications. Dans la vaste organisation de notre colonie, le général Lyautey a fait une place au ser-33 sive contre l’ennemi, tentent contre nous, en plein Paris, une offensive artistique. Nous sommes, hélas ! payés pour savoir qu’ils préfèrent s’en tenir à celle-ci ; réussira-t-elle mieux que l’autre ? En tous cas, voici les faits : En face du Nouveau-Cirque, vient de s’ouvrir une nouvelle galerie d’art. Une affiche, collée sur la porte, ■, Entrée libre o, vous incite à visiter l’exposition des œuvres de quelques décorateurs russes. Des tableaux et dessins présentés à la devanture donnent un avant-goût du régal que vous réserve l’intérieur. o Des tableaux cela ? Qu’est-ce qu’ils repré-sentent ? » se demande le passant intrigué, mais qui éprouve déjà un vague senti-ment qu’on se moque de lui. Il entrera tout de même puiscple la clef de l’énigme lui est offerte gratuitement. Lasalle est d’un aspect bijoux. C’est le Courbet dans toute sa splendeur, avec sa pâte solide et sa-voureuse, la plénitude des chairs nacrées, l’admirable symphonie en gris des étoffes. Cependant nos préférences vont, croyons-nous, à la troisième toile, Etude pour les demoiselles des bords de la Seine, le célèbre tableau exécuté en 1857, offert par Mile Courbet au Petit Palais et à propos duquel Champfleury écrivait o Décidément, Courbet ne comprend rien aux femmes… Il veut plaire et il n’a pas la souplesse nécessaire pour cela. Courbet devrait rester un franc et solide Franc-Comtois. . Le tableau avait bien mieux que les •■ fraiches et robustes qualités que lui reconnaissait à la même, époque Théophile Gautier ; c’est un grand chef-d’oeuvre. Le tableau de la collection Castagnary est une étude pour la Demoiselle couchée ; la tète seule est achevée et même très poussée, le reste étant demeuré à l’état d’esquisse. Il nous a paru que ‘cette tète était là plus belle encore que dans le tableau définitif. Le peintre a miraculeusement réussi à lui donner l’expression de langueur couve-ANDRÉ MARE. — RELIURES. vice des Beaux-Arts et a créé un Office des industries d’art destiné à centraliser directement toutes les questions concer-nant la production artistique, à surveiller la fabrication et assurer l’écoulement commercial ries produits indigènes. Des crédits sont alloués pour les achats et les recherches de modèles, pour l’entretien de dessinateurs, pour la création, à Rabat, d’ateliers de céramique, de sculpture, de reliure, de tissage, etc.Nous aurons besoin, après guerre, de recourir à toutes les sources de production nationale ; c’est donc une très heureuse initiative que de grouper des forces éparses et susciter l’activité artistique et l’expansion com-merciale dans nos ateliers marocains. 1;.71 Une offensive russe. Qu’on se rassure ; il ne s’agit pas, dans cette rubrique, d’un compte rendu d’opé-rations militaires. Les Russes, depuis qu’ils ont abandonné toute velléité d’offen-agréable. Une harmonie so-bre, obtenue par dcs ten-tures et dcs tapis grisuni, fait régner une atmo-sphère pro-pice à la pré-sentationd ‘ ceuvres d’art. Les toiles accrochées aux murs •éblouissent tout d’abord par un écla-boussement ‘le tons crus. Une fois la première douche reçue, on s’appro-che et on cherche à comprendre , ou plutôt on demande des explications. On apprend ainsi que tel dessin qui se résume en trois lignes courbes, s’épanouissant en aigrettes, se nomme au catalogue Danseuse ; que tel amas de blocs colorés s’appelle Portrait; que tel dédale de lignes informes représente un Paysage. Il parait que l’artiste ne doit plus s’essayer à rendre la nature telle qu’elle se présente à lui, mais bien de .■ dompter l’obscure immobilité o. de cette matière pour nous montrer simul-tanément les phases successives d’un mouvement, o de juxtaposer les aspects non d’un plan unique, mais de plusieurs qui s’entrecoupent, de manière à tourner les objets comme si nous disposions, pour en apercevoir les faces opposées, d’une quatrième diffiension de l’espace o. C’est faire table rase de toutes les qualités qui constituaient naguère la valeur d’un tableau. Pour rendre la figure humaine, peu importe donc qu’il ne subsiste rien de sa forme sensible, pourvu que le mouve-ment des lignes directrices, saisi au vol, soit sommairement indiqué. Quelques parallélogrammes donneront FIND ART DOC