32 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 1.-E. RUULMANN. – TABLE A COIFFER’. Il n’est pas exclusif même de meubles anciens, pourvu qu’ils ne soient pas trop somptueux. Ceux-ci se trouveront tou-jours à leur aise parmi de pltis jeunes très peu intransigeants. Nous sommes d’accord avec André Groult pour convenir que c’est loin d’être là une critique. e3g Ji A regret et parce que la place nous est trop mesurée, nous devons pour aujour-d’hui borner là une causerie qui doit demeurer le compte rendu de promenades plutôt qu’une véritable étude. Mais nous voudrions, en guise de conclusion, sou-mettre quelques réflexions personnelles que nous suggèrent ces premières investi-gations chez les décorateurs modernes. Et d’abord, examinons la portée d’une critique. Le style moderne passe de mode. dit-on, hélas ! souvent avec quelque raison. Combien de fois, au théàtre, nous est-il arrivé de nous laisser prendre par l’ori-ginalité d’un décor ingénieux de couleur ou de disposition. Il séduit entre le lever et le baisser du rideau ; on en conserve une impression de charme fugitif, mais on préfère le voir chez les autres que chez soi. Au bbut de combien de temps un manteau, une robe ou un chapeau sont-ils démodés ! Traiter le style comme une affaire de mode, c’est le condamner. Le public ne se sentira en pleine sécurité de ce côté que lorsqu’on aura cessé de lui offrir des hors-d’oeuvre pour lui amener le plat de résistance. Depuis l’éclosion du style moderne, combien d’étapes historiques n’a-t-il pas parcou-rues : démodées les premières tentatives de réaction vers 189o, démodées les erreurs de 19oo, démodés les essais des coloristes du Salon d’Automne, trop influencés des ballets russes, des somp-tuosités persanes et mérite pires ! démodées les miè-vreries malsaines des hou-dOirs alanguis. Il y a de bonnes rai-sons de croire que nos décorateursont vu lécueil et songent à remédier au danger. D’ailleurs, à la rapidité des évolutions près, il est certain que tout style doit se démoder, quitte à reprendre par la suite fine vogue définitive. Et puis, comment apprécier les étapes d’un style alors que seuls nos descen-dants seront à même de juger si, au cours de cette période, est né un véritable style dont les variations forcées n’ont pas rompu l’unité géné-rale. Mais, cc qu’il faut, c’est répudier le style triste dont les premiers symptômes se sont ma-nifestés outre-Rhin. Les Allemands n’ont jamais eu d’idées génératrices, ils ont seulement appliqué, là comme ailleurs, des théories d’organiSation qui leur sont chères. Ils ont codifié les emprunts faits par eux clans les pays voisins et donné des règles, ce qui serait bien quelque chose si ces règles n’avaient été mauvaises et con-damnées, nous le sou-haitons, à une appli-cation toute locale. La clarté et l’élé-gance conviendront toujours à notre pays qui conserve pour ces deux qualités une affection tradition-nelle. La langue fran-çaise est la plus claire de toutes ; le style français ne se trou-vera pas plus mal de suivre la même orien-tation. % Nous lisons dans l’American Art News une singulière nouvelle. Un de nos opu lents compatriotes, M. Philippe La Rene-tière, ayant depuis cl, longues années élu re-traite en Suisse et décédé l’an dernier, a légué sa collection timbres, la plus riche du monde, évaluée à 12 millions et demi… au musée postal de Berlin. La Renetièr, avait commencé collection il y a plus de cinquante ans et possédait, entre autres pièces rarissimes, l’unique exem-plaire connu du timbre de un centime de’ la Guinée anglaisé, estimé à lui seul 125.000 francs. Nous voulons croire que le testament a été fait avant l’ouver-ture des hostilités et nous nous éton-nons de la négligence que le testateur a manifestée en n’apportant aucune modification à des volontés dernières qui donneraient à craindre pour son état mental. On espérait que cette collection serait destinée à la Ville de Paris. li est probable que l’Etat français interviendra pour faire annuler ce legs scandaleux! Les Ventes publiques. Comme il était assez naturel de le prévoir, étant donné les événements, les grandes ventes annoncées pour le mois prochain sont ajournées. Seule, la vente de l’atelier Degas demeure inscrite au programme pour. le 6 mai. chez Georges Petit. Les héritiers, encouragés sans doute par le magnifique résultat de la première vente, attendent avec confiance, pour la seconde, des enchères aussi brillantes. Il pourrait très bien se faire qu’ils n’aient pas tort, Galerie Bernheim Jeune. et I Bernheim frères jeunes viennent d’acquérir deMriastagnary un ensemble d’admirables oeuvres de Courbet. La pro-J.-I., RUHLMANN. — MEUBLE D’ENTRE-DEUX. FIND ART DOC