ANDRÉ:GROULT. SALLE A MANGER. LE CARNET D’UN CURIEUX Le Curieux doit avouer d’abord que, depuis sa dernière chronique, il a été beaucoup plus curieux de ce qui se passait tout autre part que dans le rayon (le ses investigations habituelles. Il ajoute que le sentiment avec lequel il suivait la marche des événements ressemblait plus à un recueillement attentif et passionné qu’à la seule curiosité. Malgré que ne lui soit guère facilitée la tâche d’intéresser le lecteur à l’actualité artistique, momen-tanément reléguée à un plan plus discret, il ne trouve iSas de raison suffisante pour l’interrompre, puisque l’admirable Paris est demeuré vivant et stoïque en dépit des coups portés par un ennemi qui ne parviendra jamais à le comprendre. 13g At Nous nous étions promis de consa-crer une série (le chroniques à l’Art mo-derne. Le moment est venu d’abandonner le rétrospectif pour le contemporain. C’est faire oeuvre utile que de mettre en lumière, toutes les fois que l’occasion s’en présente, les efforts tentés par nos artistes pour amener la floraison d’un nouveau style français. Il faut bien reconnaître d’abord que ces artistes font en général assez peu parler d’eux. Par insouciance, peut-être par dédaigneuse réserve, il semble leur être indifférent de répandre les oeuvres exécutées dans le silence de leurs ateliers. Nous nous sommes laissé dire qu’ils ne recherchaient guère une clientèle trop abondante, ayant tout juste de quoi satisfaire à celle qui leur fait déjà con-LOUIS SUE. – ÉTAGÈRE. fiance. Leurs moyens (le production sont encore limités ; l’exécution d’une com-mande nécessite parfois de longs mois de travail, et, pour toutes ces raisons, ils restent éloignés de la masse du public. Ainsi que nous l’avons indiqué dans une précédente chronique, bien des gens, animés de la meilleure. volonté de fuir les sentiers battus, de créer chez eux un intérieur moderne, sont obligés de se livrer à de patientes enquêtes avant de découvrir les portes où ils devront frapper : notre but aujiliiircl’hui sera, non pas (le faire de la réclame aux artistes ou aux décorateurs dont elle mettra les noms en relief, mais seulement de répondre à une question souvent entendue : où faut-il aller pour se meubler en moderne ? Ne nous illusionnons pas ; ceux qui manifestent cette curiosité ont grand besoin d’encouragement ; ils font preuve, métne encore actuellement, d’une réelle audace. L’ameublement de style exerce une très naturelle attraction. Si l’on se décide souvent en sa faveur, c’est qu’on sait par expérience et à peu près à coup sûr .où il vous mène. Il est autrement malaisé de créer de toutes pièces une œuvre décorative moderne, d’autant plus qu’on se confie généralement, pieds et poings liés, à un artiste dont les projets, soumis à l’état de dessins aquarelles. peuvent jusqu’au dernier moment etre trahis par l’exécution. Pas plus en moderne qu’en ancien, nous n’admettons que la réussite puisse être atteinte sans une collaboration immédiate du client. A cette seule condi-, tion prendra naissance un ensemble ori-FIND ART DOC