28 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET LES INDUSTRIES DE LUXE vue les exigences de la réalité, on pourra espérer de voir l’équilibre se rétablir. Enfin, Mlle Cabanel donne raison à la tradition sur le chapitre de la qualité. Ceci nous parait Stre son plus beau titre de gloire, parce qu’il nous paraît que la paco-tille vendue par la plupart des novateurs est une injus-tifiable défaite. Ceux-ai ne s’occupent guère, en effet, que de l’apparence d’un meuble : que les couleurs en soient surprenantes, que la forme en soit inattendue, voilà qui suffit à leur orgueil… et à leur conscience, car ils vendent ce meuble, dont le bois ne vaut rien, à un prix fort élevé. De plus, ils se moquent de la façon, du perfectionnement du détail; s’il s’agit, par exemple, d’un fauteuil, on en travaille les bras, on en tourne les pieds au petit bonheur, selon les modèles les plu banaux du monde, et l’on cloue une étoffe précieuse sur une char-pente de bazar. Mlle Cabanel, inspirée par le vieil instinct des corporations françaises, croit que la qualité suprême d’un objet est la conscience avec laquelle il a été construit. Il y a chez elle une large commode aux nombreux tiroirs qui peut rivaliser avec les meubles dès grands siècles de l’industrie française. Non seulement le bois en solide à la vue, précieux et savoureux au toucher, mais les moindres détails, poignées des tiroirs, extrémités des pieds, en sont soignés et constituent de petites œuvres d’art. Dans son atelier, que dirige M. E. Duru, le collaborateur de Mile Cabanel, avec un zèle égal à son intelligence, certains meubles demeurent plusieurs mois sur le chantier. Une preuve de la belle tradition qui présidé aux créationS de Mlle Cabanel, c’est que, dans CAR. BAH!: I LN (ORME DE, 1:1., 1 1,-.AN1,1,..1 un intérieur installé d’après les données de ce beau modernisme, un meuble rare, ancien, que l’on tient à conserver, ne se trouvera F. CAI3ANEI. ET E. 1.)1,11tU. — INTEKIEURS 1/1.: EUIC T, LN BOIS D’AMIJOINF. jamais déplacé, fût-il signé Riesener. Certes, des pièces exécutées avec un tel raffi-nement et groupées avec sine intelligence si minu-tieuse ne peuvent être à la portée que d’une élite pri-vilégiée, mais cette élite dispose de moyens qui la rendent capable de contri-buer puissamment à la re-naissance du goût. Voilà pourquoi il faut féliciter Mlle Cabanel et attendre beaucoup de cette imagi-nation bien disciplinée, qui puise des inspirations dans l’Antiquité, dans l’Orient, et sait rester française et moderne, qui obéit enfin à la tradition en gardant le secret de la vie. ARTHÉMIS FIND ART, DOC