■•■ iiTIFNNE DRTAN. L’ART ET LA MODE Ce que peut une femme de goût : les Créations C e.ee »e-J EST une jeune femme, fervente du passé, mais extrêmement moderne et, par conséquent, très éprise d’un art qui serait l’art d’aujour-d’hui. Elle s’entoure des chefs-d’Œuvre de l’Ecole française, et, à la vente Degas, on la vit pousser ardem-ment les enchères, si bien que l’Odalisque, précieuse comme un camée, resta en ses mains délicates d’artiste passionnée de la vie et de la Beauté. Cette ingriste a reçu l’éducation la plus classique. Elle sait la valeur des lignes et elle se tient à l’harmonie des couleurs. Elle vit dans un cadre fait à souhait, suivant sa volonté. C’est une créatrice, dans le sens plein du mot : elle a le goût le plus élevé de l’esthétique. Pour bien comprendre et apprécier les idées de Mlle Fernande Cabanel sur la décoration et l’ameuble-ment, il faut songer au résultat auquel aboutissent les doctrines décoratives de ces dernières années. Ce résultat, avouons-le, est assez médiocre. Il s’agissait, en somme, d’imaginer pour notre vie moderne un cadre qui pût rivaliser avec ceux qui assurent une réputation univer-selle au goût français, et l’on nous proposa des ensembles qui n’échappaient à la plus servile imitation que pour de Mu’ Fernande Cabanel évoquer une outrance théâtrale absolument incompatible avec l’harmonie reposante et vivante à la fois qui répond seule à nos instincts profonds. Les couleurs violentes, les formes bizarres ou précieuses, les arrangements trop savants qu’on nous présentait, amusaient notre oeil, notre sens esthétique ou, plus exactement, notre sens de l’original et de l’imprévu, mais notre plaisir était du même ordre que celui que nous allons chercher au théâtre. Nous avions l’impression, quand nous visitions une maison meublée et arrangée par tel décorateur à la mode, que ses habitants devaient se sentir constamment en représentation. Et de fait, les intérieurs ainsi meublés devenaient promptement insupportables à ceux que leur activité quotidienne rendaient sensibles à l’atmo-sphère confortable du home. Aussi avaient-ils bientôt recours aux vieux styles traditionnels, au Louis XVI éternel, en sorte que la trop ingénieuse fantaisie des novateurs aboutissait à une• régression vers le passé. biffe Cabanel a compris que cette oscillation entre un modernisme excessif et un passé stérile signalait une très grave crise du goût, et elle a très heureusement tenté d’y porter remède. Elle a pensé justement que le FIND ART DOC