FIND ART DOC, eyi’imbif-,.,51e LE LIVRE MODERNE NIMENSE est le besoin de rénovation qui se fait sentir dans la vie fran-çaise. Comme toujours au lende-main des grandes crises, chacun, dans l’émotion des sacrifices, des risques courus, des ruines, fait le bilan de ses erreurs et de ses fautes, des périlleuses incuries dont il a eu la faiblesse. Pas plus que les individus, les corporations et les groupes n’échappent à cet examen de conscience. Nos industriels, nos artistes, ceux du moins qui pensent à l’avenir de leur profession et ont la sagesse de ne le point séparer de l’avenir du Pays, se demandent avec un peu d’anxiété — sentiment qui est tout à leur honneur — s’ils ont toujours, avec assez d’à-propos, d’ingéniosité, de noble ambition créatrice et de persé-vérance, fait tous les efforts qu’il fallait pour la supré-matie de l’art français, de l’industrie française. Dans ce louable souci de régénération, qui pousse tant d’hommes à moderniser leurs méthodes et leurs orga-nisations de travail, à redoubler d’énergie productrice, on va même parfois un peu loin dans la méconnaissance du labeur passé. C’est une injustice. Mais ne nous en plaignons pas trop car, dans notre pays où tout se passe par actions et réactions violentes, c’est à cette condition seulement qu’on acquerra l’entrain pour le grand et fructueux effort nécessaire. C’est un peu ce qui se passe actuellement pour les arts et les industries du Livre. Depuis le retentissant Congrès qui, après musique, discours, serments solennels, nous a tout juste valu jusqu’à présent — et point par la faute des littérateurs — une regrettable tension de rapports entre les éditeurs, et les écrivains, un peu partout dans le monde du Livre on a fait son meri culpa. Chacun s’est frappé la poitrine d’une chiquenaude sincère et, dans l’élan de cette confession, frappe à tour de bras sur la poitrine du prochain. Et, à entendre certaines critiques, bien intentionnées, mais véhé-mentes, il semblerait que le Livre français moderne, uniformément banal, sans goût et mal construit, n’offre presque plus l’exemple des belles ordonnances équi-librées, des harmonieuses décorations, de la charmante fantaisie soumise aux règles essentielles et invariables de la typographie. Quelle erreur ! Ceux qui censurent ainsi n’ont donc pas regardé l’exposition si intéressante, si riche d’efforts ingénieux et réussis, qui s’est tenue, le printemps dernier, au Pavillon de Maman, dans les salles de notre cher Musée des Arts décoratifs, dirigé dans l’esprit le plus moderne et le plus français par des hommes passionnément artistes qui, ne relevant que de leur goût et de leur conscience, peuvent en liberté faire oeuvre brillante et utile pour notre pays ? C’est en grand nombre qu’elle offrait les beaux livres, les tenta-tives hardies et heureuses, les plaquettes et les albums du goût le meilleur et le plus original. Dans l’ensemble, c’était vraiment le Livre français en sa grâce claire, fraîche, bien ordonnée, une heureuse alliance des tra-ditions indispensables et d’un séduisant modernisme. La preuve était ainsi fournie que, sous l’influence de quelques hommes, on avait beaucoup travaillé même pendant la guerre et que l’esprit de recherche, si évident ça et là à la veille du cataclysme, s’était continûment développé. Tous ceux qui, dans le désir de constater le plus vite possible un effort général de nos industries du Livre, dénigrent sans mesure l’oeuvre d’hier et d’aujour-d’hui feront bien de visiter avec soin l’exposition actuelle du Musée Galliera, organisée par le diligent conservateur de ce musée, M. Eugène Delard, sous les auspices de M. F. d’Andigné, édile si délicatement artiste et soucieux d’aider à l’essor de nos industries et de notre art français.