ET/. MANET. — PORTRAIT DE Mn » NIANET P I (‘CQUIS PAR LE VIEVRE A LA vvirr: DOIT-ON LUTTER CONTRE LE LOUVRE? A LA première vente Degas un curieux incident s’est produit. Véritable symbole d’une situation très sé-1 •u,• ut qui touche à l’avenir même de nos musées nationaux, ce simple épisode nous permettra de tirer quelques leçons et quelques, conclusions pratiques sur une question qui, entre toutes, intéresse la Renaissance de l’Art français. Les enchères marchaient bon train sur ce chef-d’œuvre de Delacroix, le Portrait du baron Schuller, dont nous avons donné une reproduction dans notre premier numéro. L’on comprend qu’une oeuvre si à part dans le bagage du maitre ait suscité des rivalités très vives. L’aristocratie finement romantique qui se révèle dans cette image, où une main nerveuse, une silhouette élé-gante qui fait penser à Byron et un paysage qui évoque ceux des fonds de Lawrence et de Romney, tout un accent indicible, enfin, font de tout cela une fleur d’époque, autant de raisons pour que la lutte fût animée. Le Louvre avait déjà poussé très avant son enchère. On approchait des 70.000 francs qu’il s’était, croyons-nous, assignés comme limite. Les rivaux demeuraient inflexibles, et même assez bruyamment inflexibles à l’égard du représentant de notre grand musée national. A un moment de ce drame rapide, proche de sa conclusion, un des assistants ne put se contenir en remarquant l’attitude de ces trop véhéments adversaires (on ne peut pas les appeler d’un autre nom, et peut-être est-il même trop faible) et il s’écria : « Voyons ! mes-sieurs ! c’est contre le Louvre que vous vous battez ! Ils eurent quelques velléités de répliquer, mais elles s’éteignirent devant l’air résolu d’un champion qui n’est pas de ceux qu’on intimide. Le Delacroix n’en demeura pas moins perdu pour le Musée qui ne put, ou n’osa aller jusqu’aux 80.000 sur lesquels le marteau s’arrêta. Le regret, pour être vif, n’est sans doute pas de ceux qui ne se peuvent consoler. Heureusement, nous sommes 3 EIND ART DOC