166 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE lari, conservateur du Musée de Venise, aidé de deux collaborateurs, se trouve actuellement à Vienne avec mission de récupérer les objets volés. ee Aux États-Unis. ,•, On avait tenté d’établir aux Etats-Unis une taxe de Io 0/0 sur la vente des objets d’art. La Commission des finances du Sénat a d’abord estimé que le taux de 5 0/0 serait suffisant. Puis, après une étude approfondie de la question, elle décida d’abolir complètement dans la nouvelle loi de finances, cette taxe même ainsi réduite; estimant qu’elle serait plus onéreuse que productrice pour l’Etat. Peut-être aussi préférait-elle nous en voir faire ici l’expérience… Voici maintenant, au contraire, que son principe va •être adopté avec le taux primitif de 10 0/.. Toute la presse artis-tique se refuse à croire définitive une solution qu’elle traite d’anomalie, d’ana-chronisme et d’injustice. • • • Le Heralt1 de Washington nous annonce sans ménagements une fâcheuse nouvelle. Bouguereau a cessé de plaire aux Améri-cains ou du moins son étoile pâlit ! Dans une vente faite le 29 janvier der-nier, une toile que M. John Sterling avait payée 38.500 francs, vers 188o, a échoué lamentablement à 17.000 francs. Ainsi l’enthousiasme pour Bouguereau n’était qu’une mode et n’a pas survécu à la brève période ‘de trente années… Il fut un temps cependant où la pro-duction de l’artiste ne suffisait pas aux demandes américaines, et à ce propos il nous revient une plaisante boutade d’un célèbre critique d’art chi siècle dernier. Albert Wolff, voyageant en Italie avec un ami, s’arrêta un jour à Gênes sur la place où s’élève la statue de Christophe Colomb: Quel grand homme !quel génie ! • s’écria-t-il sur le ton du plus pur lyrisme ; et, après une courte pause, il ajouta : • Dire que sans lui nous aurions été obligés de garder en France tous les tableaux de Bouguereau !… Notes diverses. „*. La Galerie d’Art américain de New-York expose une importante sélec-tion d’oeuvres signées par les peintres des armées alliées. Forain, Steinlen et Jonas y représentent excellemment l’art fran-çais. ,•, Le mouvement de la curiosité en Amérique reprend toute son activité depuis l’armistice, alors que la plupart des amateurs, par raison de patriotisme, s’étaient abstenus de tout achat pendant les hostilités. Ces acquéreurs manifestent. semble-t-il, certaines tendances nouvelles et souhaitent, maintenant, non plus seu-lement se voir offrir les oeuvres des grands maîtres trop souvent présentés, mais découvrir de nouveaux talents parmi les artistes anciens et modernes. C’est ainsi que M. Duveen a dû ramener de New-York en Angleterre des toiles de Rembrandt et de Velasquez et d’impor-tantes pièces de mobilier autrefois desti-nées à la seule clientèle américaine et que la clientèle européenne est tout aussi susceptible maintenant d’absorber. C’est ce qui justifie cc mot que nous avons entendu d’un des plus grands commer-çants d’antiquités de Paris : . Je ne sais plus ce qui se passe en Amérique ; je n’ai plus besoin de m’en occuper ; le marché parisien me suffit ! • .•4, UN WHISTLER D’UN MILLION.—C91 annonce de Londres qu’un grand mar-chand anglais a acheté, pour un million, le• Portrait de Lady .Veux, par Whistler. „•, Les journaux nous avaient appris, en janvier dernier, l’incendie de la Cathé-drale de Québec. Nous savons mainte-nant que le magnifique tableau de Rubens, « Constantin demandant l’ab-solution d saint Ambroise n, oeuvre estimée à plus d’un demi-million, a été la proie des flammes. ,•, La cordialité des relations que la guerre a établies entre là France et les Etats-Unis a déjà sa répercussion dans le domaine des arts. Le peintre décorateur Jaulmes vient d’être chargé par le direc-teur des Beaux-Arts de fournir le mo-dèle d’une tapisserie de 5 mètres sur 7, qui sera exécutée par les Gobelins pour la ville de Philadelphie. Le sujet, tout mo-derne, est conçu dans le même esprit que les grands épisodes historiques, sièges de citadelles, couronnements de rois, commentés en tentures par les artistes du xv• et du xvie siècles. Elle représente, au port de Philadelphie, le départ pour la France d’un contingent américain. La composition est encadrée d’une hue-clure de branches de lauriers et de guir-landes de fleurs entremêlées de drapeaux français et américains. Le centre de la bordure inférieure porte les écussons de la ville de Philadelphie avec cette ins-cription en anglais : n Le Droit est plus précieux que la Paix ». • Nous devons nous battre pour la dé-mocratie. • Nous ne désirons aucune conquête. • ,•, Les dernières ventes importantes d’objets d’art, faites à Londres, indiquent une reprise très active des affaires dans toutes les branches de la curiosité ; les prix obtenus dépassent les prévisions les plus optimistes. A noter surtout la vogue immense des tableaux français des xviou et :axe siècles. Dans une récente vacation, un Portrait, par Rigaud, de qualité assez moyenne a été payé 40.000 francs; un joli tableau, par de Troy, représentant des personnages dans un intérieur, a atteint 13o.00o fr.,’ à coup sûr le plus haut prix qui ait jamais été donné pour une oeuvre de ce maître. „*„ Au mois d’avril prochain s’ou-vrira à Londres une Exposition des Artistes d’Alsace-Lorraine, anciens et modernes. Nombreux sont les artistes originaires d’Alsace, à commencer par Hans Baldung Grün, l’auteur du ma-gnifique tableau d’autel de la cathédrale de Fribourg et de tant de curieux dessins ; Martin Schoen, de Colmar, l’ad-mirable peintre • et graveur qui eut l’honneur de donner des leçons à Albert Durer. Au xvoie siècle, Loutherbourg, Schall, le peintre des danseuses L’Enfant, le dessinateur militaire J. Fred. Meyer, le paysagiste animalier ; Benjamin Zix, l’auteur de croquis pittoresques ; Weyler, le miniaturiste célèbre ; les Gùérin ; Weiss, le graveur à qui l’on doit les belles planches représentant les fêtes données à Strasbourg en 1744 pour l’arrivée de Louis XV dans cette ville, et tant d’autres. L’art décoratif, en Alsace-Lorraine, a toujours conservé, malgré l’influence française qu’il a subie, des traditions locales qui loi assurent une originalité propre. Il serait à souhaiter qu’après sa clôture, une exposition aussi instructive puisse être transportée à Paris. ,•, Le Ter avril, à la GALERIE G. PETIT exposition d’aquarelles de Henri Guil-laume, vues de Paris, notations de voyage, prises par l’artiste au Caire, à Venise ou dans le Languedoc; paysages de fantaisie dans le goût du xvin• siècle où le parc de Versailles se peuple de personnages. • A toutes les qualités propres aux des-sins d’architectes, ces oeuvres joignent celles d’une vision délicate et d’une exé-cution savoureuse. Io Mars. LE CURIEUX. FIND ART DOC