de ville demanda et obtint pour ces malheureux accueil et droit de cité dans les communes voi-sines : Sermoneta, Norma. Quelques-uns même s’enfui-rent jusqu’à Cis-terna. On vit alors la population fuir de-vant les miasmes comme devant une invasion. Sur leurs chars à boeufs ils chargèrent les reli-ques de leurs saints, le mobilier et les ornements transportables de leurs églises et de leurs maisons, puis, clergé en tête, les réfugiés s’acheminèrent vers les villes voisines où les autorités vinrent les recevoir aux portes. On retourna encore de temps à autre à Ninfa chercher les meilleurs matériaux des édifices, puis, quand il n’y resta plus que les squelettes des bâtiments et les os des morts, la ville fut abandonnée comme on laisse une défunte au cimetière et, doucement, le lierre et la vigne sauvage, les figuiers, les églantiers et les myrtes lui tissèrent un linceul de verdure, heureux de s’épanouir dans la tiédeur humide qui empoisonne les hommes mais réconforte les plantes. Une tentative de restauration eut lieu en 1765. Pie VI ayant entrepris d’assainir les Marais Pontins, le duc de Sermoneta répa-ra un palais, remit en état dis moulins, accommoda en gran-ge une église, créa des jardins et per-mit, en 1771, au chanoine Georges Dini d’élever une chapelle qui allait bientôt devenir une ruine de plus. La nymphe des eaux n’avait lias été consultée elle n’approuva pas le plan et la mala-ria forte continue de sévir. LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DE> INDUSTRIES DE LUXE 159 L’ÉGLISE COLLÉGIALE SAINTE-MARIE-MAJEURE. J’ai fait plus d’une fois, et tou-jours avec émotion, le pèlerinage de Ninfa ; il y a trente ans, à cheval ou à pied ; depuis, en chemin de fer, car cette ville, qui n’a plus d’habitants, possède maintenant une gare et une usine de force électrique. Les nymphes n’ont pas attendu la guerre pour être ouvrières d’usine ! Les tra-vailleurs se relaient chaque semaine pour éviter la maladie ; ils tonnent, avec les habi-tants de Norma et quelques chasseurs, la clientèle de la station où, dans une baraque sordide décorée du nom de buffet, ils trouvent de mauvais fromage, un plus mauvais pain et un vin pire encore. On y contemple, en revanche, un panorama vraiment saisissant. Dans les miroirs d’eau du petit lac limpide et des anciens fossés se reflètent les remparts encore crénelés, le haut donjon carré du palais ducal, les tours décou-ronnées des églises et des maisons nobles, et tous ces édifices portent des guirlandes et cimiers de verdure que le vent de la plaine fait ondoyer. Sur un coteau, au nord-ouest, d’autres ruines, celles d’un monastère ; à l’horizon, sur une colline, les mâchicoulis puissants de Sermoneta ; au-dessus de la route, I SAINT-NIICHEL. la haute falaise qui ..it de piédestal à Norma et d’où les lavandières descen-dent aux sources par des sentiers en lacets. Le premier édi-fice qui se présen-te à nous est une église romane du me siècle, Saint-Pierre – hors – les Murs, qui conserve son abside à arca-ture, ses lourds piliers carrés et une partie de ses FIND ART DOC