158 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES 1)E LUXE à Ninfa qui lui restait fidèle. Peu après, le vindica-tif empereur sacca-geait la malheu-reuse ville. La lâ-cheté des « repré-sailles»allemandes ne date pas d’au-jourd’hui. En 1234, nous voyons Gré-goire IX faire la paix entre les communes de Ninfa et de Ser-moneta ; en 1243, Innocent IV de-mande à la pre-mière d’envoyer des secours à Terracine assiégée. Occupée en 1294 par les Colonna, puis par Boni-face VIII, elle fut donnée par ce pape à sa famille, et les Caetani la possèdent encore. Le règne de Boniface VIII fut l’époque de la grande prospérité de Ninfa : Castrum Nymphae distissimum et uberrinutmin redditibus, pouvaient dire à bon droit les Colonna qui la revendiquaient vainement contre les Caetani. Le desséchement des Mais Pontins, poussé activement parBoniface, avait rendu pour quelque temps la salubrité au pays. Son histoire n’en resta pas moins agitée : en 1391, Honoré Caetani enleva un instant Ninfa à son cousin Benoît, en utili-sant des troupes de mercenairesbre• tons et gascons que le pape d’Avi-gnon avait fait passer en Italie. Au xve commence la dé-cadence de Nin-fa. On y bâtissait encore et l’on y peignait de belles fresques, mais la ville redevenait malsaine : l’affais-sement du sol, le colmatage des ca-naux ruinaient l’oeuvre de Boni-SAINT-PIERRE-IR/És LES MURS. face VIII. Les rôles de la Ga-belle accusent en-core la présence de 2.500 habi-tants, mais ce nombre allait dé-croissant et, en 1475, quand le cardinal d’Estou-teville, archevêque de Rouen, eut la fantaisie d’ache-ter aux Caetani la ville de Ninfa, l’acte de vente la quali fie de castrum dirutum. Ce n’est déjà plus qu’une ruine, et pourtant on ne cesse de la convoiter tant son sol est fertile. Alexandre VI la confisque pour en faire don à son petit-fils, l’enfant de Lucrèce, mais bientôt Jules II la rend aux Caetani. Les habitants avaient fini sans doute par s’habituer aux changements- de maîtres, mais ils pouvaient de moins en moins s’habituer au climat. De 1670 à 1675, le cardinal Alfieri, frère de Clément V, avait encore vu des habitants à Ninfa, au dire du cardi-nal Piazza qui, lui-même, en janvier 168r, trouva la ville déserte et envahie par la végétation. La prospérité de Ninfa avait été rapide, sa décadence le fut plus encore. Si la nymphe du fleuve Ninfeo a toute l’attirance d’une sirène, elle en a aussi toute la perfidie. Traî-treusement, elle empoisonne ses hôtes, ils se dé-couragèrent d’ha-biter un sol mau-dit où périodique-ment l’épidémie faisait dans leurs rangs des brèches de plus en plus larges. Les survi-vants restaient li-vides, les yeux in-jectés, le corps dé-bile et secoué de frissons. Un jour I I’Vli NINI,E0 ET SES PONTS RUINÉS. vint où le Conseil FIND ART, DOC