L’ÉTANG ET LA VILLE DE NINFA. NINFA LA VILLE EMPOISONNÉE ut de nous, aux pays du soleil et aux jours d’été, n’a béni, avec François d’Assise, « notre sœur l’Eau » ? Qui n’a senti un charme et un bien-être àcontempler une source fraiche dans son cadre de verdure ? On comprend alors que les apôtres chré-tiens aient été impuissants à abolir le culte des fontaines qui, impérieusement, nous forit évoquer des nymphes parées de toutes les grâces, ces nymphes des eaux qu’adorait Chloé et qui protégèrent Daphnis. Ce sont de ces sources-là qui baignent le pied de la falaise abrupte d’où la petite cité de Norma domine au loin la voie Appienne et commande la route de Cori à Sermoneta. Les eaux limpides s’étalent d’abord en un petit lac, puis s’en échappent pour former un petit fleuve qui prend sa course à travers les Marais Pontins. C’est l’antique Nympheus, et aux nymphes de sa source, les Romains avaient bâti un temple. Les pâtres du Latium, en abreuvant leurs troupeaux, apportaient leurs hommages aux déesses, mais nul n’avait encore élu domicile dans leur solitude aimée. Quand le Dieu des chrétiens eut renversé leur autel, des habitants se groupèrent autour de la source des Nymphes, et ce fut l’origine d’une ville. Ninfa entre dans l’histoire en 570 ; Constantin V la donna alors au pape Zacharie. Elle devait vivre environ mille ans, mais cette courte existence ne manque pas d’intérêt. Elle a laissé des traces dans le Liber Pontilicalis (I). (z) T. I, s, 433• a inspiré des pages intéressantes à Gregorovius, à Tito Berti (z), à Augusto Sindici (2), mais c’est surtout au professeur Giuseppe Tomasetti, dans son beau livre La Campagna Romana antica, medicevale e moderna (3), que nous devons les recherches les plus savantes et les plus complètes sur cette ville abandonnée. Comme Galera et pour la même raison, l’insalubrité, Ninfa est aujourd’hui déserte. Quant aux causes de sa courte prospérité, elles furent diverse-. : ce fut d’abord la fertilité du sol, puis un concours- de circonstances. Peu après l’an 70o, l’ancienne voie Appienne avait été abandonnée au profit d’une route passant par Ninfa, puis, bientôt, les populations qui cherchaient des refuges contre les incursions sarrasines trouvèrent une protec-tion dans les marécages qui entourent Ninfa : elle devint une forteresse dont l’importance s’accrut au xie siècle par sa situation en frontière des Etats romains et des possessions normandes. Très disputée dans les guerres féodales, Ninfa prit sa part des luttes du Sacerdoce et de l’Empire. Paul III s’en- étant rendu maître en silo, la donna en fief à la commune, sous condition qu’elle serait démantelée. La forteresse redevint un centre agricole ; ce fut pour la contrée un court répit. En 5159, Alexandre III, chassé de Rome par Frédéric Barberousse et l’antipape Victor, vint se faire couronner _ ) Palud i Pontine, p. 91. (2) La Paha N iota ( N maya A ninfogia ,29o7 , z » juin). (3) Rome, E. Loescher, 191o, in-4°, t. II, p. 393 et suiv. FIND ART DOÇ,