154 RENAIssANtE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDt’sTRIES DE LUXE bibliothécaire Schumacher lui’écri-rait : d L’Académie est ruinée et il faut un homme comme vous, d’illustre naissance, aimant les lettres, l’art et les sciences, ayant de l’autorité à la cour, pour la relever et lui rendre-son éclat. Cependant, Narychkine ne fut pas nommé : la charge fut donnée au jeune Cyrille Razoumovski, frère du favori de l’impératrice Elisabet h. Narychkine, réputé l’homme le plus élégant de son temps, épousa, le 2 février 1746. Marie Pavlovna Balk-Polév. Fille du général Balk, qui avait ajouté à son nom celui de sa femme :elle avait pour grand-père un gentilhomme livonien entré au service russe en £633. Le franc-parler de sa mère, au temps d’Elisabeth, faisait la joie des ministres étrangers et sa maison était ouverte à l’influence française. Elle D. G. LÉVITSKL I’l.K tRAiT DI’. LA MARÉCHALE D’ARSÉMIÉV. tArrANTHNT A IL It 1141110N P. titt CtIMISTIANI.) eut une énorme fortune. Née en 1728 ou en 1730, elle était de dix-huit ou de vingt ans plus jeune que son mari (t). Leur union ne fut pas exemplaire. La jeune femme eut une liaison avec Cyrille Razoumovski, marié en 1746 avec une parente de son mari (2). Son rang, son âge la mirent naturellement de la coterie o de la future Catherine II, alors grande-duchesse, qui parle d’elle plusieurs fois dans ses Mémoires. Catherine semble s’être servie d’elle avec la connivence des Razoumovski pour traverser différentes intrigues de son mari avec Mlle Vorontzov. Le grand-duc faisait évidemment une cour assez chaude à Mme de Narychkine, puisque le fait fut à la connaissance de B de Saint-Pierre, renseigné, durant son séjour à Pétersbourg, par le général Villebois. Dans son exposé de La Révolution sous Pierre III, Ber-nardin écrit qu’à la troupe ardente des conjurés contre le tsar • se joignaient quelques maris jaloux : le baron de Strogonov, le comte de Bruce, le grand-veneur rza-riskin (faute d’impression pour Narychkine), tous célèbres pour la beauté de leurs femmes. Elles se dispu-taient le cœur du faible monarque qui était tout entier à la comtesse Worontzov (3) Quoi qu’il en soit dans le détail, Narychkine fut nommé par Pierre III maréchal de la Cour Catherine II le fit grand-veneur et sous (t) Itactirch-K■enski. Didinnnaire des Gent remarquable (en ni,,,se). mosenu, 1816. — AreS. llm, Afl. ét., Cnernp de A’nece, I, 42, f• ro: t, 81. P 299-yeei cl t. 90. 1. 148, (21 firand•iluer Nicolas Militai:cent:h. l’odraas n’un der utile d me %dela, Pb(. t. III. p. 172 (notice). (Ji B. de Saint •Iirrer Clitrern cnwpl4ez, t, Il. (Obterna(souu Hie la Riri14), p. 309. son règne, sa femme et lui conser-vèrent de la faveur. En 176r, l’union jusque-là inféconde des Narychkine, cessa de.1 i t . Marie Pavlovna mit au monde lin fils qui ne devait vivre que neuf ans, et, en 1767, elle eut une tille qui ne vécut que deux ans et demi. La maison des Narychkine fut une des plus gaies de Pétersbourg, alors qu’il y en avait tant. Simon, grand amateur de théâtre et de musique, écrivait des pièces très vantées et il possédait la musique de cors la plus célèbre de Russie. La table était sans doute chez eux aussi bonne qu’elle l’était en 1776 chez Marie Pavlovna, de-venue veuve. Son maitre-queux était alors le meilleur de la ville ; il l’emportait même sur celui du comte Panine, gouverneur du grand-duc. Il devait en être à peu près de même quand Diderot demeurait chez les Narychkine. bien que la santé de Simon fut déjà éprouvée. C’est à un retour des eaux d’Aix-la-Chapelle qu’il recueillit Diderot à La Haye. Il mourut en 1775. M me de Narychkine, pour remplir les vides de son existence et de son coeur, avait adopté une charmante enfant, tille d’un conseiller de collège, Catherine Iva-novna Moltchanov, Elle la fit élever à l’Institut Smolny dont la jeune fille sortit en 1776 avec la médaille d’or. Diderot. familier de l’Institut, la connut cert,ainement, comme faisait l’impératrice, qui parle d’elle dans une lettre. Dès sa sortie, Mlle Moltchanov fut attachée, ainsi que sa camarade Mlle Alymov, à la princesse de Wurtemberg, qui venait en Russie pour épouser le grand-duc Paul. Nos lecteurs ont sous les yeux le portrait de Mlle Moltchanov que Lévitski peignit. Cette même année, le chevalier de Corberon, chargé, jusqu’en 1780, des affaires de France en Russie, fit la connaissance de M me Narychkine. Pour quelque raison (raison d’amour peut-etre, car il aima longtemps une nièce de Marie Pavlovna), il est, dans son Journal, sévère pour elle. « A cinquante ans, dit-il, (au jugé il la vieillit de deux ou de quatre ans), elle a l’air et le jeu d’une vieille coquine et se pare en femme qui veut jouir encore.. Le portrait du Louvre nous parle de l’élégance de M Narychkine. mais il se peut qu’en trois ans, ou environ, la marque des deuils et des années se fût accen-tuée chez elle, de-même que le dénudement de son front, consigné délicatement, mais très nettement dans le portrait. Corberon ne reparle de Mme Narychkine FIND ART, DOC