152 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 1, .; 1’1,1:1 1 1,1 PIPI 1/0B1 11,1111,,uI quart de seconde. En quoi il fit très bien. Mais il est probablement une indication morale à retenir de cette anecdote : il est vraisemblable que Lévitski, issu d’une ancienne famille ecclésiastique, dont trois frères sur quatre, furent, comme leur père; prêtres ou moines, que Lévitski — lui-même très religieux et sur la fin de sa vie, mystique – – n’était pas en parfaite communauté de sentiments avec k. sceptique Français. Quel qu’ait été le jugement de Diderot sur son peintre russe, il n’est pas douteux que ni l’impératrice, ni les grands favoris de l’époque ne protégèrent beaucoup, après son départ, un artiste qui nous intéresse aujour-d’hui à l’égal des grands portraitistes de son temps. Lévitski continua les portraits des jeunes filles de l’Ins-titut Smolny, et parmi les sept qui existent il en est un de la pupille de Mme Narychkine, dont il sera parlé, et que nous reproduisons. Ses collègues, peut-être par sug-gestion, le nommèrent conseiller de l’Académie, mais Roslin, arrivant à Pétersbourg, l’éclipsa. Le sucer› lui revint, très marqué, vers 1780. Le jeune favori Lansk.)i, le secrétaire de Catherine, Khrapovitski, lui demandèrent leur image, avec un flot de nobles dames, comme la jolie maréchale Arséniév, dont le por-trait est à Paris chez le baron de Christiani. Son com-patriote, le chancelier Bezborodko, lui fit peindre sa mai-tresse, Mue Davia, et lui commanda un portrait en pied de Catherine II qui fut reproduit plusieurs fois. C’est la tête de ce portrait, repeinte presque en miniature, avec quelques changements dans le costume — peut-être par Lévitski lui-même — que l’on pourra voir bientôt dans la collection Schlichting et que nous donnons ici. Il n’est pas prouvé, au total, que l’impératrice ait posé pour l’oeuvre de Dmitri Grigorévitch, comme elle fit pour les portraits de Roslin et de Lampi. Vieillie, elle réserva à Lévitski les portraits de ses petites-filles et elle le chargea de douze portraits des principaux chevaliers de Saint-Vladimir. Portraitiste semi-officiel des hauts per-sonnages de second plan et de leur entourage, Lévitski ne peignit ni Paul ler ni Alexandre Ier. Pauvre, tantôt découragé, tantôt souffrant de la vue, chargé de petits-enfants, Dmitri Grigorévitch, n’ayant qu’un faible traitement de conseiller de l’Académie, prolongea ses jours jusqu’en 1822. Il eut la chance de former deux bons élèves, Borovikovski (nous reproduisons le portrait qu’il fit de son maître) et Chtchoukine (r). Narychkine, dont les visiteurs du Louvre admi-rent nettement le portrait, est la femme du grand veneur Simon Narychkine dans la voiture duquel Diderot se rendit à Pétersbourg. « Doucement, commodément, à petites journées, s’arrêtant partout où le besoin de repos et la curiosité le conseillera (sic) », c’est ainsi qu’il pré-voyait le voyage et l’annonçait à Mlle Voland. A Pé-tersbourg, Diderot fut l’hôte des Narychkine, après que Falconet, chez lequel il devait descendre, se fut récusé, en raison de la venue de son fils. Le philosophe de Langres et M » de Vandeul se louent tous les deux des bontés, des soins, des procédés obligeants des Na-rychkine; ils proclament leur vénération pour eux et leur plus tendre reconnaissance. A sa femme, Diderot écri-vait, à son retour de Russie, le besoin où il était de faire un présent aux Narychkine. « M. de Narychkine, expli-quait le philosophe à Mile Voland, est un très galant homme qui a pris à Paris beaucoup d’estime et d’ami-tié (sic); il s’est fait dans une contrée barbare les vertus délicates d’un pays policé ; elles lui appartiennent (2) ». Né le 5 avril 1710, fils d’un gouverneur de Moscou, neveu de la mère de Pierre le Grand, Simon voyagea en France sous le règne d’Anne Ire. Il fut ambassadeur extraordinaire à Londres en 1741-1742. En rentrant en Russie, il s’arrêta chez la princesse d’Anhalt-Zerbst, ce qui lui valut plus tard la mission d’aller recevoir à Riga, au temps de ses fiançailles, la future Catherine II (fé-vrier 5744). Cette année-là il fut question de Narychkine comme président de l’Académie des Sciences, et le (t) S. Diaguilév, La Peint IlIC russe a et XVIleS iécle (en russe), D. G. Lelis I’bg., s. d. 1904. — D. Roche. Un portraitiste petii-russitn. D. G. Lieds ( Gazette des Beaux•Arts, 1904). Idem., Chronique des Arts ei de la Curiosité, novembre 1907. (2) Diderot, Ouvres COMPNieS, I. XVIII, p. 33: t. XIX, p. 344; t. p. 52: t. XX, p. 51.55. tr FIND ART, DOC