146 de la Corrèze, du Nord, du Puy-de-Dôme et de la Hau-te-Loire. A Paris, trois Écoles muni-cipales et huit départements furent pour-vus de trente-quatre cours. Dans les Éco-les normales, des centres de broderie ou de dentelle, l’en-seignement de cet art devint obligatoire. Dans les Éco-les de dessin de Paris et des départements un enseignement technique fut donné à l’École Élisa-beth Lemonnier. Cet enseignement fut l’objet d’une attention toute particulière. M. Lefébure rénova le point d’Argentan. La Valen-ciennes se fit à Bailleul. De tous côtés, des initiatives privées tentent de donner un essort au travail d’art féminin ; les écoles et les ouvroirs forment des ou-vrières, les commerçants des débouchés et cette industrie tellement française promettait, avant la guerre, de devenir d’année en année toujours plus florissante, mais voici le grand bouleversement de 1914, la guerre pénètre partout ; peu à peu, les dentellières abandonnent leur travail, on ne porte plus de dentelle ; les champs sollicitent, du reste, un labeur opiniâtre ; au retour, les vêtements chauds doivent être confectionnés pour ceux qui se battent. L’espoir d’un prompt retour est d’abord le sentiment général et puis les deuils se répandent, les mois succèdent aux mois, mornes, tristes, angoissés. Les usines s’ouvrent, la main-d’oeuvre masculine manque ; on fait appel aux femmes et voici nos bro-deuses et nos dentellières tournant vaillamment des obus. Dans les centres où des milliers d’ouvrières fabri-quaient les articles d’exportation, rien… pas un point ne fut fait pendant des années. Pour quelques départements, l’invasion plus affreu-sement terrible courba nos ouvrières au dur service de l’ennemi ! Dans l’usine, le salaire éblouissant attire et retient celles qui vivaient hier encore entre les soins de la maison et le travail patient ; l’usine est le pactole d’où LA REN NIT. DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE TAPIS POINT FR/An-AIS. I I P,MMIERS. – COMPOSITION DE C. DU PUIGAUDEAU. ruisselle la richesse ; son influence, en général, est néfaste sur la femme fran-çaise ; l’effort exigé attaque presque tou-jours sa santé; les heures de travail boule-versent les habitudes de la plupart de nos foyers; le groupement ouvrier agit d’une façon démoralisa-trice sur de jeunes femmes privées de guide et qui ne sont plus soumises à la douceur des occupations maternelles. Le salaire lui-même est une source de tentation, beaucoup, il est vrai, trouvent dans cet argent un moyen d’adoucir les privations du-soldat quelques-unes économisèrent, prévoyant le chômage inévitable. Mais la guerre finie, le chef de famille revenu, la Française restera-t-elle à l’usine ? Nous ne le pen-sons point, tout au moins pour celles qui ont goûté à la douceur d’un foyer calme ; mais il sera nécessaire que la rétribution de leur travail soit plus grande. Il faudra comprendre que la valeur industrielle de la France repose sur les qualités d’art des articles ex-portés et que cette valeur ne sera pas maintenue par la production mécanique. Produisons, c’est juste, mais produisons beau et suivant notre caractère. Il faut qu’un peu de l’âme de Française anime cette pro-duction. De plus, la France victorieuse a besoin de mères au foyer. Il y a donc un double devoir à rému-nérer ces femmes suivant leur travail. Ce travail devra donc être réorganisé en réglant la fabrication et la vente. La fabrication doit être parfaite ; il faut donc de bonnes ouvrières et de bons modèles : les ouvrières, doivent être éduquées et le salaire établi de façon à leur permettre d’apporter à la confection de l’ouvrage le temps et l’application nécessaires à sa bonne exé-cution. Si l’ouvrière est mal rétribuée, elle perd le goût d’un travail qui ne lui donne point un gain en rapport ave son effort ; elle tâche d’exécuter ce travail en moins d 441 I FIND ART DOC