142 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE senté par trois chefs-d’oeuvre. Le nom d’un dona-teur très délicat M. Jeuniette, de-meurera éternelle-ment attaché à l’Ange de bois du xitte siècle, dont le port élégant et noble, le drapé des plis si large et si grand, le sourire éclairant de si lu-mineuse manière le fin visage, ra-mènent avec émo-tion le souvenir aux magnifiques statues (à jamais anéanties) qui dé-coraient les con-treforts de la’ ca-thédrale de Reims, ou à cet Ange de l’Annonciation qui, au portail de la cathédrale, adressait à la Vierge cet indéfi-nissable sourire si plein d’intention, qu’on a appelé le i( Sourire :de Reims». Si quelque chose pouvait nous consoler de la destruction de tant d’oeuvres de l’art le plus émouvant de notre pays, ce serait cette sublime image sculptée dans le chêne de nos forêts. — Et le même bienfaisant ami de notre Musée lui a laissé aussi cette gentille Vierge de pierre du xve siècle, qui a gardé encore les traces de sa gaie polychromie, et dont le naïf visage de paysanne se modèle de rondeur char-mante, se nuance de grâce puérile et simple, petite pas-toure des prairies de l’Auvergne ou du Bourbonnais. Toute autre est la Vierge d’ivoire que nous devons à la générosité de Paul Garnier, qui par la beauté plas-tique. la noblesse expressive de son visage et de son geste, la largeur du drapé de ses amples vêtements, a toute là grandeur en ses dimensions restreintes, des plus belles statues monumentales d’un portail de cathédrale. Des groupes d’ivoire, d’Annonciations, existaient d’après les inventaires dans des chapelles du xitte et du xtve siè-cles, celle de Jeanne d’Evreux, veuve de Charles IV, ….fie Are c. fiatrfFropskjtstw*lâlne;1a�,td�Pirk int+ ni brut 0112r eprneillrf tiltydle 4,4 6r irtmeir ka àr fige bai TAPISSERIE DE SALINS(JURA. ART FLANIAND, CONINILNCEMENT Dt• Sli celle de Charles V à Vincennes. Il sera très topique de retrouver cette v it Tge de Paul Gar-nIl r dans la vitrine des ivoires fameux où elle sera la voi-sine de la Vierge de la Sainte Cha-pelle, et je ne doute pas qu’elle ne supporte alors la comparaison, ni même qu’elle n’y apparaisse supé-rieure par la lar-geur d’exécution. En tous cas, ne craignons pas d’af-firmer qu’elle est un des plus grands chefs-d’œuvre de la petite_ statuaire françaisegothique. Le reliquaire de l’Église de Jau-court dans l’Aube n’en est pas un moindre. Un reli-quaire byzantin fut rapporté de Terre Sainte par un Croisé, le sei-gneur de Jaucourt. Un de ses descen-dants, désireux d’en faire don à son église, s’adressa à un orfèvre distingué de son temps qui imagina de le faire présenter sur une large plate-forme par deux an-gelots agenouillés, en vermeil. Une belle inscription gra-vée sur le soubassement indique tout cela ; et rien n’est plus charmant, gracieux et délicat, que ce petit monu-ment de l’orfèvrerie française du mye siècle.— Très im-portante fut aussi la donation par la famille Cha-brières-Arlès de la superbe dinanderie du mite siècle, l’aquamanile en forme d’oiseau. L’administration des Monuments historiques, par une mesure de déclassement analogue, permit également au Musée du Louvre de faire une bien précieuse acquisition de la ville de Salins dans le Jura, celle des deux tapis-series qui y subsistaient (outre une troisième, entrée jadis au Musée des Gobelins) d’une suite de quatorze que la Révolution de 1793 n’avait pas respectée. Cette tenture représentait des scènes de la vie du FIND ART DOC