138 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE tions de notre Millet, ces nus, si puissamment éclairés et vineux sur l’ombre olivâtre, évoquent aussi les figurines des paysages de ce Pierre Molyn le Jeune que les Véni-tiens appelaient Tempesta. En dehors de la collection Schlichting, à la suite de l’austère Le Nain, l’école française a plus d’un défenseur loyal ou charmant : le meilleur est Chardin, portraitiste d’Avcd dans le rôle du souffleur de théâtre, où d’aucuns aperçoivent un chimiste en son laboratoire; et parmi tant de petits maîtres plus ou moins enrubannés, Chardin n’est-il pas toute la loyauté française ? Un siècle plus tard, même qualité permanente en un vrai chef-d’oeuvre de coloris lumineux, où Delacroix surpasse d’avance les mieux doués de nos contemporains quelle i( fête pour l’oeil I, que cet Appartement du comte de Mornay, qui fut acquis l’année dernière, à la première vente Degas I Le plus lyrique des poètes de la peinture s’est montré là le plus clairvoyant des peintres. Enfin, revoici de récentes ou vieilles connaissances qui composeront le Louvre futur : le grandiose Portraity’r de famille, plus ingriste, et la légendaire Sémiramis que , 114.:s„ c, Degas peignait à vingt-sept ans ; Le Divan bleu, l’un ;moï des plus frais pastels de Manet ; la sombre Ravaudeuse, de Ribot ; l’élégant portrait de Mme Armand Charpen- PRUD’HON. — LES MUSES TERSP1CHORE, ERATO. ticr, par M. Renoir, don des Amis du Luxembourg ; Autour du piano, magistral envoi de Fantin-Latour au rythmie de Claude, la volupté de Prudhon, sans Salon de 1885, donné définitivement par M. Adolphe oublier les portraits de David et sa première pen-Jullien. Et la série des dessins, quelle longue analyse ne sée pour Le Sacre, où Napoléon Pr se couronne, et mériterait-elle pas ? Parce qu’il échappe à la patine du les purs crayons d’Ingres, et le suave dessin rehaussé temps, au progrès de la technique, au caprice de la de Théodore Chassériau pour sa’ grande fresque de mode, le dessin parait maintes fois supérieur à la pein- La Paix. turc qui s’enfume : témoin, bleuâtre ou bistrée, l’eu- Ici, les plus beaux CLAUDE LORRAIN. — LEVER DE SOLEIL. – PESSIN A LA PLUME LAVE DE BISTRI (ACQUIS DE LA COLLECTION IIESELTISE CT DONNE PAR LES  » AMIS DU LOUVRE « .) dessins soutiennent :sans dé-faillance le voisinage des peintures : présentation très neuve, qui fait hon-neur au goût du nouveau conservateur, M. Jean Guiffrey. Dès maintenant, d’ailleurs, la preuve est faite : à voir ainsi groupés tableaux, dessins, bronzes, marbres, objets d’art, on sent combien cette har-monieuse diversité l’em-porte sur un monotone alignement de vingt toiles, fussent-elles de Claude ou de Rembrandtl Une salu-taire leçon, pour l’avenir, se dégage de cette inno-vation persuasive. RAYMOND BOUYER. FIND ART DOC