k LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 135 Ton ouvrage est au Louvre, on l’a vu, tout est dit. (1) L’abbé Desfontaines appelle le pastelliste : « l’incom-parable M. de La Tour (2) ; et, plus tard, Mariette, qui déclare que les pastels de La Tour u ont toujours fait l’honneur des expositions », cite, en particulier, « ceux du président Bernard de Rieux et de la marquise de Pompadour, figures entières et d’une grandeur où l’on ne croiroit point que le pastel pût atteindre » (3). Le portrait du président était à peine fini que le peintre commençait celui de M me de Rieux. Il la repré-sentait en habit de bal, tenant un masque à la main. Ce pastel figura au Salon de 1742. Les relations du président de Rieux et de La Tour devinrent très étroites. La Tour était un habitué du château de Passy ; il y allait fréquemment et le comte d’Egmont considérait comme un honneur de l’y conduire (4). Il était alors un des « rois de Paris o. Voici sous quels traits son ami le chevalier Bucelly d’Estrées nous le représente : « Bien pris dans toute sa personne, il avait la démarche prompte et décidée. Il portait la tête haute ; son oeil était vif, plein de feu ; l’ovale de sa figure bien pris, ses lèvres minces. Très recherché dans ses habits, il était d’une propreté exquise. » Il vit la plus haute société du temps, littéralement à ses Pieds (5). • (t) Mercure de France, octobre 1741, p. 2293. (z) [Abbé Desfontaines], Observations sur les écrits modernes, t. XXV, P. 335. – (3) A becedario, t. III, p. 71. (4) V. le billet du comte d’Egmont à La Tour, dans Desmaze, Le reliquaire de M.-Q. de La Tour, p. 1 r. Paris, 1874, in•80. (5) Tourneux, ouvr. cil., p. 83 et suiv. — Voyez aussi ce que dit à ce sujet Lapauze, ouvr. cil.. p. 13 et suiv. Ce fut en allant fréquemment à Passy que La Tour se prit à aimer ce village. Il devait y revenir souvent plus tard et y acheta une petite maison (I). Le président de Rieux mourut à la fin de l’année 1745, le 13 décembre, en son hôtel de la rue Notre-Dame-des-Victoires. Ses biens et ses collections furent alors en partie dispersés. Le château de Passy, avec son mobi-lier et les oeuvres d’art qu’il contenait, fut loué au fer-mier général Le Riche de La Pouplinière ; la biblio-thèque fut vendue. Le château de Glisolles passa aux mains d’Henri Bernard de Rieux, marquis de Bou-lainvilliers, fils du président, qui •s’y retira quelques années plus tard. Le président ‘de Boulainvilliers u fit transporter i’à Glisolles plusieurs des oeuvres d’art qui avaient embelli les demeures de Paris et de Passy et, notamment, les portraits exécutés par:La Tour. Le portrait du]président de Rieux ne l’avait jamais quitté depuis. Telle est l’histoire du portrait au pastel de Gabriel Bernard de Rieux, président au Parlement de Paris, peint dans la cinquante-troisième année de son âge par Maurice-Quentin de La Tour. Et pour reprendre en l’appliquant à l’ceuvre l’ex-pression même qu’un ancien auteur appliquait à l’ar-tiste : « Quelles louanges pourrait-on lui donner, qui ne fussent au-dessous de la vérité ? » GEORGES WILDENSTEIN. (2) Doniol, ouvr. cil., p. 287. FIND ART DOC