T22 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE du niaitre et que, comme l’a démontré dans un précédent numéro un de nos abonnés, le Nattier ne peut pas repré-senter Lavoisier, ainsi que l’annonçait le catalogue. Ces indices, qui n’ont pas, du reste, de signification absolue, étaient connus avant la vente. Ils ont pu créer autour de certaines oeuvres, à tort ou à raison, une atmosphère de défiance dont les prix ont pâti. • Et ces réflexions nous amènent à une idée qui est aussi un souhait. • Pourquoi-M. Lapauze, qui ne compte autour de lui que des sympathies et dont l’influence est incontestable, ne créerait-il pas de petits suppléments à La Renais-sance qui contiendraient d’avance la cri-tique des grandes ventes et qui parai-traient le matin des jours où elles doivent avoir lieu ? « Ces observations • anthuntes », comme disait Alphonse Allais, provenant d’un critique.aussi clairvoyant que le distingué directeur de La Renaissance seraient di-rectement consacrées aux amateurs et à la qualité de leur collection. Nous avons le regret de ne pouvoir répondre au voeu de notre excellent con-frère : les grands quotidiens auraient, en revanche, une fort bonne initiative à prendre. Déjà, le New-York Herald, par la plume de notre distingué ami, M. Georges Bal, présente .chaque jour les ventes — avant et après — avec une belle indé-pendance. Il lui arrive de crier casse-cou sans, d’ailleurs, qu’on veuille toujours l’écouter, car il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. La vérité, c’est que l’expertise en ma-tière d’ceuvres d’art — ancien ou mo-derne : voyez l’affaire des faux Rodin —est chose très sérieuse, qui devrait tou-jours être accomplie sérieusement et par des hommes extrêmement informés. Ce n’est pas assez souvent le cas. En attendant, aidons à former le goût public : c’est à quoi nous nous employons, à La Renaissance de l’Art français et des Industries de luxe, en toute indépen-dance, grâce à une documentation sé-rieuse et à des collaborations de spécia-listes. admirablement qualifiés. Défendons les Industries de luxe. Entre tant de lettres qui nous arrivent, on comprendra que nous n’hésitons pas à faire une place à celle-ci qu’un abonné d’Angers a pris la peine de nous adresser : « Angers, st janvier roio. • Monsieur le Directeur, . Il ne me semble pas inutile de sou-mettre à la Renaissance de l’Art français et des Industries de luxe une idée qui rentre tout à fait dans son programme. ■ Nous voici à l’après-guerre où tant de projets, jusque-là rejetés des réalisations immédiates, doivent enfin être mis à exécution. Les industries d’art, les com-merces de luxe dont la vie s’est trouvée dans ces dernières années complètement suspendue ou presque, vont être appelés à un nouvel essor. 1, Des productions originales, élaborées pour répondre à l’évolution des besoins et du goût, doivent être prêtes à etre lancées sur le marché et soumises aux amateurs. Votre revue s’emploie à les faire connaître au public de choix qu’elle touche : c’est très bien, mais ce n’est pas tout. Les articles qu’elle publie sont écrits dans une intention d’art, sans aucune préoccupation commerciale ; il ne sau-rait en être autrement ; pourtant ils ne sont pas un moyen d’information suffi-sant et suffisamment pratique, à l’égard surtout de la masse des amateurs petits et grands qui habitent la province. Les annonces, restreintes, disent aussi trop peu de choses, • Un exemple vous permettra de saisir exactement mon idée. Je désire acheter (les tapis, carpettes, devants de foyer et autres, de belle fabrication, en même temps que d’une note franchement mo-derne, sortant du ressassé des tapis d’Orient et des horreurs de la production courante. Il doit exister des manufac-tures tissant de tels tapis : où puis-je les découvrir ? Les annuaires commerciaux ne m’offrent qu’une défilade de noms gui ne me disent rien ; un marchand local, consulté, me fait l’article sur ses fonds de boutique et à l’exposé de mes desiderata, répond que • ça ne se fait pas •. Si, pour-tant, ça se fait, j’en suis sûr, mais où ? • Des exemples de cette nature pour-raient être multipliés à l’infini, et le dé-faut de goût si souvent imputé à la pro-vince avec quelque raison, vient en GAUGUIN. — ÈVE. — TERRE CUITE. (COLLECTION NIANZI.) grande partie, j’en suis certain, d’un manque d’informations judicieuses. On se tient au courant du mouvement d’art, par des revues comme la vôtre, on vou-drait réaliser quelques projets suivant leurs indications, et si l’on ne peut aller à Paris, à la source même — tout le monde ne le peut pas, à tout instant — on se heurte à des difficultés sans nombre, on se lasse, et finalement on achète de travers, comme les autres. • De leur côté, les producteurs ignorent le client qui s’intéresse à eux, qui est susceptible de devenir leur acheteur. Les catalogues coûtent cher ; on ne les envoie qu’à ceux qui les demandent — quand, parfois, on ne leur facture pas, procédé détestable, inconnu outre-Manche. • Où je veux en venir après cet exposé et ces doléances ? Simplement, monsieur, à faire ressortir l’intérêt évident qu’il y aurait à la publication d’une sorte d’Annuaire des Industries de luxe, où toutes les informations utiles seraient à trouver ; je ne les détaille pas ; chaque maison devrait indiquer ses spécialités, les artistes connus qui travaillent pour elle, les références qu’elle peut fournir. etc., etc., bref, répondre par avance aux premières questions que l’amateur peut poser à son égard, les autres, secondaires, devant être traitées par correspondance. • Une semblable publication pourrait être entreprise par une union des inté-ressés, comme le catalogue collectif des éditeurs anglais • issued by the publis-bers, association of Great-Britain and Ireland •. Mais, s’il fallait une autorité reconnue pour provoquer une édition de ce genre, pour la diriger. pour la patron-ner, pourquoi, Monsieur, votre revue ne s’en chargerait-elle pas ? L’appui de l’Union Centrale des Arts Décoratifs, également intéressée à la question, ne lui manquerait pas, sans doute. • Cette idée, j’y insiste, répond à un be-soin réel, et est plus d’actualité immédiate que jamais. Dans le domaine des arts appliqués comme ailleurs, ne nous con-tentons pas d’exposés purement spécu-latifs, mais essayons tant qu’il nous sera’ possible, d’en provoquer la plus large réalisation pratique. Soyons artistes, soyons aussi commerçants avisés ; l’un doublera l’autre avec le plus grand avan tage pour tous les deux. « Croyez, Monsieur le Directeur, à ma’ sympathie pour votre oeuvre, et recevez, je vous prie, l’assurance de mes senti-ments distingués. MARCEL VALOTAIRE, avocat, ■ Angers. ■ L’idée de notre honorable correspon-dant est excellente. Nous sommes prêts-• soutenir une publication de ce ente, sans pouvoir, hélas ! l’entreprendre nous-mêmes. Pourquoi les industriels ne se grouperaient-ils pas dans ce but ? Le goût français doit, de plus en plus, s’im-poser au dehors. Que les intéressés le comprennent. Qu’ils agissent. FIND ART DOC