p LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE II9 fluences diverses, demeure cependant un charmant peintre (voir le portrait de sa mère et un petit profil de femme dans la manière de Stevens) et un dessinateur spi-rituel et très français. A LA GALERIE NIOLEUX, 68 boulevard Malesherbes, M. Lucien Andrieu expose des paysages du Tarn et de l’Aveyron. Certes, la région du Quercy, qui est l’une des plus belles de France, avec ses mon-tagnes aux nobles charpentes, ses fleuves torrentueux, ses forêts de chênes aux éclatantes verdures, était bien faite pour inspirer l’artiste. A voir avec quel savant amour il interprète, en les simplifiant, les motifs qui se présentent à ses yeux, on devine aisément que M. Andrieu a puisé dans son pays natal les meil-leures qualités de sa peinture. GALERIE DEVAMBEZ. — Mal-gré qu’elle soit close depuis quelques jours, nous ne pouvons passer sous silence la magnifique exposition d’Edgar Chahine. Dès ses premiers essais, l’artiste s’était classé parmi les graveurs les plus personnels de ce temps. Dans nombre de ses planches, devenues classiques et qui ont leur place marquée dans toutes les collections d’estampes mo-dernes, il avait étudié les aspects pittoresques des vieux coins de Paris et les avait peuplés des types qui caractérisent les quar-tiers de la cité : Montmartre. les Halles, les quais, les fortifi-cations. Des portraits très vi-vants, tels que ceux d’Anatole France, de Lérand, de Louise France et tant d’autres, don-naient la mesure de ses qualités (le dessinateur. Après une assez longue pé-riode, attristée par des chagrins domestiques et durant laquelle la production de l’artiste s’était un peu ralentie, le voici revenu à une pleine activité. La série des nouvelles estampes , exposées chez Devambez à côté (le cer-taines autres plus anciennes, est parti-culièrement remarquable. Une maitrise complète dé métier se révèle dans ces paysages larges et lumineux, dans ces études de têtes d’une étonnante intensité de vie et d’un charme pénétrant, A côté des estampes s’alignent des pastels au dessin ferme, à la sensibilité nerveuse. L’individualité de Chahine s’y marque avec une absolue franchise. Il observe la vie d’un regard purement artiste, guidé par une curiosité émue. avec le seul souci de l’expression juste et incisive. Chahine excelle à rendre en quelques traits la mentalité du modèle et la séduction qui se dégage d’un visage. Une autre série de pastels décrit la splen-deur de File de Bréhat, aux petites maisons de granit rose, aux criques tourmentées. aux arbres tordus par des vents de tem-pête, avec, à l’horizon, les vagues mouton-nantes et les ciels embrasés par le soleil couchant ou assombris (le grandes nuées orageuses. Cette exposition permet d’envi – sager toute l’évolution d’un grand artiste et constitue par là une des plus intéres-santes manifestations d’art contemporain. La galerie Devambez nous convie en même temps à visiter un ensemble (le tissus, broderies, dentelles, tapisseries, toiles imprimées modernes. On peut y constater que les efforts persévérants tentés aujourd’hui dans cette branche de l’art décoratif, sont souvent couronnés de succès. Nous avons remarqué les tissus brodés de Mme Henri Robin, de Mile Madeleine Guilly, de somptueuses chasubles, de précieuses soieries d’ameu-blement à grands ramages, fabriquées par les maisons Cornille (sur des dessins de Dufresne) ou Bianchini ; une jolie vitrine (l’étoffes de Ruhlmann; des taffetas mar-brés de Mile Prusac qui seront utilement comme on sait, transportés par les Allemands à Maubeugeoil ils sont encore. Les Grands Magasins -(le nouveautés . Au Pauvre Diable transformés en musée, réunissaient une partie des objets d’art, meubles, tapisseries, tableaux, pillés par l’ennemi dans les villes et châteaux des environs. Nous avons appris par un restaurateur, chargé d’aller voir sur place les dommages éventuels que le transport aurait pu faire subir aux fragiles préparations de La Tour, que les oeuvres n’avaient pas souffert àu cours de leurs pérégrinations. D’après le Journal des Débats, il serait question de les exposer prochainement au Musée (lu Louvre au profit de l’Ecole gratuite de dessin (le Saint-Quentin, fondée par La Tour et proprié-taire des pastels en question FI DE ‘FOL:LOI:SE-LAUTREC . • AU PIANO. (COLLECTION SIAN11.) employés pour la reliure. Enfin, plusieurs artistes atteignent à une complète réus-site dans la fabrication de ce qu’on nomme des balicks; ce sont des soies légères, cré-pons ou velours, revêtus d’ornements dé-coratifs obtenus par un curieux pro-cédé : l’étoffe est recouverte d’une sorte de cire appliquée comme le serait un vernis sur la planche du graveur. On trace le dessin en mettant à nu certaines parties de l’étoffe qui seront ensuite mor-dues par un acide. Les marbrures s’ob-tiennent en froissant le tissu avant de le présenter à la teinture, ce qui produit les craquelures dans la cire. Mme M. A. Mourier, qui se spécialise dans le batick, opère avec une étonnante sûreté de goût et de métier et il y a un intéressant parti à tirer de son procédé polir l’ameublement ou le costume féminin. 1`..% Les pastels de La Tour. Les pastels de Saint-Quentin ont été, puis, le Musée de Lyon aurait la garde de la collection jus-qu’au jour où elle pourrait réintégrer le Musée Lécuyer, sérieusement endommagé par les boinbardements. Outre que le pastel n’aime pas les voyages, n’y a-t-il pas une sorte d’inconvenance à montrer ces précieux tableaux comme èn un cirque ambulant ; et surtout n’est-ce pas enlever à la ville de Saint-Quentin le bénéfice d’une attraction cer-taine pour l’après-guerre ? L’aventure tragique que les oeuvres de La Tour ont vécue motivera, tout le fait prévoir, des pèlerinages plus nombreux que par le passé. Combien de gens, autrefois, parlaient (les 87 pastels de Saint-Quentin sans les avoir vus ! D’autres même les soupçonnaient à peine, témoin ce véridique frag-ment de conversation, entendu par nous vers 1913 : — Nous allons dimanche à Saint- Quentin ; vous ne venez pas avec nous ? — Ma foi, non ; mais qu’allez-vous donc y faire ? —Nous allons voir les La Tour. — Ah c’est différent, si vous y avez des amis… La personne qui prononçait cet admi-rable mot aurait été bien surprise si l’on s’était avisé (le mettre en doute son goût artistique. Vente Wyzewa. On disperse la collection de dessins re-cueillie pendant trente années, à travers l’Europe, par Teodor de Wyzewa. La per-sonnalité (le l’homme (le lettres est bien connue. L’universalité de son érudition était proverbiale, son savoir immense embrassait les pays les plus différents, les époques les plus éloignées. Il avait ana-lysé avec une égale perspicacité le génie d’un Tolstoi, d’un Beethoven, d’un Mozart ou d’un Wagner, la candeur angélique de François d’Assise, Ses études sur la mu- • signe, pour laquelle il avait une réelle passion, le classent parmi les meilleurs FIND ART DOC