116 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE rable de «diétines », c’est-à-dire d’assemblées populaires. Ce dernier sujet nous conduit à considérer un aspect nouveau du talent de Norblin, qui fut aussi l’historio-graphe des années tragiques de 1794 et 1795 Déjà, il avait retracé, et par deux fois, la séance mémorable du 3 mai 1791 où les États polonais, enfin unanimes, -avaient secoué le joug des vieux errements et proclamé la constitution nouvelle. Mais les événements se préci-pitaient. Après les massacres de Praga, Souwaroff approchait de Varsovie, toute la Pologne était en-sanglantée. Norblin, qui avait épousé une Polonaise, Mlle To-karska (1), prit les armes, dit-on, pour défendre son pays d’adoption et, sti-mulé sans doute par cette circonstance in-time jointe au carac-tère tragique de la situation, il sut don-ner à s(■11 pinceau l’énergie qui conve-nait pour flétrir ces assassinats et ces ex-ploits sauvages Les Massacres des Polo-mais par les Russes, à Praga, dessin plein de fougue et de ter-reur ; La Scène de la 1?évolution de 1794 à Varsovie, Le Châti-ment des traîtres, constituent un té-moignage historique et un document di-rect Bien que profondément ému par ces forfaits, Norblin gardait toute, sa lucidité d’observateur ; et c’est ainsi qu’en marge:- d’une scène d’horreur, il dessinait parfois, soigneusement, un équipement d’offi-cier russe, un détail précis de son costume. Au Musée Czartoryski sont encore exposés Les. Faucheurs polonais de 18o1 et un remarquable portrait de Kosciusko, le héros national — un-.visage triste et doux. La Gourdaine fut-il saisi par le mal du pays ? La déso-lation polonaise sous le joug de l’oppresseur lui rendit-elle l’existence par trop pénible ? On ne sait ; quoiqu’il en soit, il rentre en France en 1804 et y resta jusqu’à sa mort (1830). Ces vingt-six années furent surtout em-ployées à exploiter le formidable amas de notes et de documents que le grand travailleur avait rapporté de Pologne. Les Champs-Elysées, Les Tuileries en 1808, conservés au Musée Carnavalet ; La Place des Trois-Maries, Le Quai des Théatins en 181o, constituent une exception dans cette dernière période de la vie de Norblin, — un inévitable re-tour à la notation immédiate, qui l’a-vait intéressé si long-temps. Ce qui lui restait d’activité fut consacré à retracer infatigablement la vie polonaise, la vie populaire surtout, et le meilleur de ce labeur est représenté par les Costumes pn-louais, ces quatre-vingt-trois aquarelles que nous avons si-gnalées plus haut et dont cinquante furent gravées en couleur par Debu-court en 1817 ; qua-rante-sept d’entre elles, prêtées par M. Meyerson, sont ex-posées en ce moment au Pavillon de Mar-san et constituent un document d’un intérêt exceptionnel 1.•1::1 I ■ I It.N. I I I Al »-FoRir ORl■.INALI.., l’AR N,01713LIN, t I I Le mariage eut lieu en 1776 On possède un portrait dessiné de la jeune femme, daté 1779. * Le même collec-tionneur expose d’étranges eaux-fortes, qu’à distance on jurerait de Rembrandt C’est une très curieuse réunion d’estampes de Norblin (originales pour la plupart), qui rendent sensible le culte que notre artiste professait pour le maître hollandais. Pastiche Évidemment, on ne. peut se défendre de cette impres-sion. Le fameux clair-obscur est étonnamment imité ; les-sujets choisis sont « quelquefois les mêmes (La Résur-rection de Lazare, non sans grandeur, du reste) l’ana-chronisme des costumes s’y retrouve également Mais il est aisé de voir les causes d’un rappel d’inspiration et de manière aussi osé. Norblin rencontrait e une matière prodigieuse pour un amateur de pit