112 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE é f-.-eker=e— ■■411die DAME DE QUALITÉ. GRAVÉ EN COULEURS PAR DEBUCOURT, D’APRÈS NORBLIN. (COLLECTION blEYERSON.) bien préparé. Châteaux et palais s’italianisèrent ; voïé-vodes » et g( castellans », pour parer leurs riches demeures, s’adressèrent à Rome et à Florence. La vieille université de Cracovie fraternisa avec celles de Bologne et de Padoue ; Sigismond ier épousa la fille de Galéas Sforza, duc de Milan ; et la belle société parlait couramment la langue de Virgile… Enfin — et ce fut le troisième stade de cette évolution, — l’influence française se manifesta à son tour, et comme c’était là la véritable affinité avec l’élégance et l’esprit polonais, elle supplanta peu à peu tous autres étrangers. Le premier en date de ceux qu’on pourrait appeler les ambassadeurs de l’ait parisien fut A. F. Desportes, qui fit de nombreux portraits à la cour de Sobieski (dont la femme était Française) ; puis arrivèrent Louis de Sil-voqre, Étienne La Hire, l’architecte Louis ; plus tard, Louis Marteau et Norblin de la Gourdaine, les peintres préférés de Stanislas-Auguste, qui, s’il fut un souverain discutable, sut, du moins, donner à sa cour un éclat magnifique et se montrer un Mécène éclairé. Ces deux artistes passèrent une grande partie de leur existence en Pologne, et le roi et les grands seigneurs prisaient leurs oeuvres élégantes bien plus que les œuvres italia-nisantes et aimablement mondaines des Lampi, des Grassi, des Bacciarelli. Stanislas-Auguste Poniatowski avait vécu à Paris dans sa jeunesse ; il y avait noué des amitiés solides. On sait que Mr »c Geoffrin, qui gouvernait avec esprit et autorité son tg royaume de la rue Saint-Honoré » le nom-mait n son fils », entretenait avec lui une correspondance assidue, si bien que, apprenant l’élection du prince au trône de Pologne, elle ne put retenir ce cri de joie, un peu inattendu sous la plume de cette bourgeoise pon-dérée : « Quand je songe que mon cher fils, que j’ai vu bien jeune, que j’ai grondé, est .roi, et m’aimant autant qu’il faisait quand il n’était que mon fils, la tête me pète, et mon coeur brûle. » La vieille dame écrivait encore : n Mon cher fils, mon cher roi, ma Trinité, je vous adore en vous embrassànt. Je crois réellement que je mourrais de joie si je vous embrassais. Mon fils, mon roi ! quelle est la particulière qui peut dire cela ? Moi seule ! » Ce langage hyperbolique et même un peu affligeant n’est pas particulier à Mrne Geoffrin. Diderot, Grimm, Voltaire surtout, montrent une exaltation caractéris-tique, sitôt qu’un souverain leur marque quelque sym-NOBLE POLONAIS. GRAVÉ EN COULEURS. PAR DEBUCOURT, D’APRÈS NORB (COLLECTION MEYERSON.)