LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DE’. INDUSTRIES DE LUXE souvent reproduits, et que Molinier pensait avoir été exécutés pour Saint-Cloud, sont une des ri-chesses de la collection Wallace (galeries XIII et XVIII). Cette collection a également recueilli des meubles ayant appartenu au général Lazarév. Dans sa célèbre maison de Pé-tersbourg, qui est aujour-d’hui l’hôtel des Postes. Bezborodko avait aussi fait pendre un lustre en cristal de roche, prove-nant du duc d’Orléans au Palais-Royal. Il possé-dait des statuettes en bronze, de Houdon, et le plus grand vase fabriqué à Sèvres sous l’inten-dance de Dangiviller. C’est un des deux vases-bouteille, gros bleu, avec enfants et guirlandes en biscuit, modelés par Boi-zot, et ornés de bronzes par Thomire. Malgré de nombreux essais, la fa-brique de porcelaine de Saint-Pétersbourg n’était pas parvenue, en 1805, à reproduire un vase pareil SECRÉTAIRE EN BOIS JAUNE, PAR J. WERNER. DÉBUT DU XIX » SIÈCLE. (SUCCESSION DE M. P. P. DOURSOVO.) dont une commission, visi-tant Sèvres en 1791 avait proposé de laisser à la manufacture le pendant, comme « preuve de ses succès dans des objets de cette nature. n Comme tous les amateurs du temps, les Biélosselski, les Chérémétiév, les Ioussoupov, le chancelier possédait des meubles u extrêmement rares et précieux de Charles Boulle n. Plusieurs, qui ont pu être retrouvés, offrent, en effet, les caractéristiques de l’atelier de Boulle, et non ceux des rénovateurs de son style dans la seconde moitié du xvtite siècle. Les amis de Bezborodko, ou les collectionneurs ses rivaux, le général Melissino (un de ses guides dans l’achat de tableaux italiens), les Strogonov et les Rourakine, avaient de même des ébénisteries, des girandoles, des vases, épaves des résidences royales françaises. Ils n’hésitaient pas plus que Bezborodko à les payer de 10.000 à 30.000 rou-bles; (Le rouble valait alors environ 4 francs.) (1) A peine devenu empereur, Paul Ier donna l’ordre de 97 modifier l’ameublement. du Palais d’Hiver qui lui déplaisait, et, sans doute de le rapprocher du goût de ceux de Gatchina et de Pavlovsk. L’architecte Brenna, auquel il venait de commander le palais Michel, fut chargé de pro-céder à ce remaniement qui ne coûta pas moins de 210.915 roubles. Dans le vague d’une description contemporaine, cepen-dant assez détaillée, on sent que le goût impérial s’éloigne de plus en plus des joliesses et des frivoli-tés imitées d ePompéi, qui faisaient le fond de l’ameu-blement de Pavlovsk. Il se rapproche toujours da-vantage des imitations ro-maines qui allaient abou-tir aux pompes sévères du style Empire, presque en-tièrement atteintes avant même l’avènement d’Alexandre ler. Sous des plafonds re-peints par des maîtres ita-liens, on voit apparaître dans les deux salles du trône, dans le salon, dans la bibliothèque, dans le « divan», les tables à plateaux de marbre, à six pieds, ornés, ainsi que les fauteuils, de gaines de femmes, les meubles d’acajou, les vases de porphyre à l’antique, montés en bronze à Paris, et des pendules de porphyre à figures de femmes dorées (l’une d’elle coûte 12.0000 roubles). Tout cela évoque déjà le style de Percier et de Fon-taine et la collaboration de leurs ébénistes Jacob-Des-malter ou Moench. Les lits des chambres de l’empereur et de l’impératrice restent « à la polonaise » ou « à l’impériale » (r). Les transformations effectuées par Paul Ier n’allèrent d’ailleurs pas sans critiques. Elles trou-vèrent un ‘écho dans les notes sur Pétersbourg, remises au ministre des Affaires Étrangères de France en 1798 par le Hollandais Grouvelle. Il reproche au tsar, et à son architecte, d’avoir e gâté un appartement en tout digne d’une souveraine. n (2). Amoureux, comme d’une œuvre personnelle, du Palais, ou plutôt du n Château n Michel, bâti en moins Reimer. St-Petersburg inn Ende seines erste,: Irthrhunderls. Pbe.1805, (r) Alexandre iuspeliski, briperalorskir’Dvortiy, MOSCOU, 1913, p, 130. t. II, pp. 358-375. — Ara. Nat., Paris, 0’, 3502• (2) D. Roche, Le Mobilier français en Russie, t. II, p. 8. FIND ART DOC