L.1 RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 93 Et c’est parce qu’il était Russe, répétons-le bien fort aux ténébreux et brasillant Moyen-Age, ne parvenaient artistes français et qui doivent le demeurer, parce qu’il jamais à oublier tout-à-fait,— malgré leur désir d’étreindre arriva chez nous pétri de son sol et de son sang, parce la vérité, — ni ce Ciel, ni cet Enfer, entre les lys et qu’il s’était nourri du suc de sa race, que Bakst put les grillades de qui les prêtres les faisaient vivre. Ils mé-exercer toute son influence et se développer avec vigueur. laient inconsciemment sur le visage dont ils extorquaient l’âme ainsi, le Ché-* * tt rubin et le Démon qui sont en lutte M. Rubinstein ,.i perpétuelle dans s’adresse encore à tout être humain lui, lorsqu’elle tient Il faut, en dehors à fixer quelqu’une de ses dons, un de ses apparitions surprenant cou-hors de la scène, rage, une magni-dans la vie réelle, figue ténacité, à un pour un de ces por- artiste avant réussi traits que, tou- comme Bakst dans jours, de nouvelles le domaine en-générat ions d’ad- chanté du décor et mirateurs se dis- de la couleur, pour puteront. t4 s’asseoir à son che-Dans ces effigies I 4 valet, devant une mêmes, le peintre feuille de papier et se plaît à extério- p n’ayant à la main riser le caractère  » I que des crayons. de son modèle par Vouloir exprimer une présentation ce que renferme originale, une sorte de complexe et d’exagération par- d’inexprimable le tielle, de grandis- -dm rire d’une dame sement de costume j n , pcolite et fé-qui donne au vi- eprise d’étran-sage plus d’affine- ;cté, de succès de ment. L’ampleur salons et de ces de la robe, les pro- occupations mon-portions du man- i daines, qui croient chon créent une pouvoir voisiner sorte d’extrava- = – avec les curiosités gante élégance,; artistiques et leur hors des modes, sônt, toujours, fa-hors du temps, qui tales, irrémédia – place déjà l’héroïne blement, est une dans la Légende. gageure qui n’a-Mais, Bakst por- L. BAKST. – LE JOUEUR :MASQU•. (LES DAMES DE BONNE HUMEUR ) boutit point. traitiste, ne mani- Bakst, cepen – feste pas seulement ses dons dans la façon de coin- dant, réussit à fixer avec une ressemblance aiguë un de prendre le costume ou de synthétiser les traits domi- ces visages devant lesquels, depuis Luini et Vinci, les nants d’un caractère par une attitude. Le portrait des- hommes ont rêvé, mais que fuient les peintres, car ils siné de la marquise Casati, par exemple, est une n’entendent plus la musique que jouent autour de ces révélation pour certains. Ici, l’artiste ne s’est attaché modèles d’invisibles orchestres. qu’à transcrire les traits et l’expression d’un visage, Un autre portrait de jeune dame slave marque avec la pieuse application, » la délicatesse, et même, bien l’intérêt de ces études d’un artiste aussi origi-aussi, cette sorte de flamme un peu diabolique qu’on nal et divers. Il fixe, non seulement la personne, doit aux Primitifs. Les maîtres qui s’échappaient du mais la race. Chaque portrait qu’il exécutera devien-FIND ART DOC