92 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES *DE LUXE l’atmosphère raci-nienne, la perruq ue et les hauts talons des premiers inter-prètes. Phèdre se déroulait dans le cadre des âges lointains où les monuments bâtis par l’homme évo-quaient encore la caverne dont il ve-nait de sortir. Le palais du roi Minos est le type de ce genre de construc-tions. Le vers raci-nien ne correspond guère, de prime abord, à ces archi-tectures ; une cul-ture, une sensibi-lité affinée, une élé-gance qui jamais ne s’assoupit, lui ont donné une parure que le fruste granit et la terre battue n’accompagnent pointa Cependant, le premier heurt la première surprise passés, nous comprîmes la pensée du décorateur et nous L. BAKST. – PORTRAIT DE Mut: LA MARQUISE CASATTI. admirâmes, une fois de plus. sa science et son au-dace.Phèdre,si l’on y veut réfléchir, n’a pas plus de raisons de se donner dans le décor où se joue Britannicus que dans ces costumes empruntés à la statuaire antique, d’époques infini-ment plus récentes que celle où vivait la fille de Minos et de Pasiphaé. Le seul décor et les seuls costumes qui ne seraient point un anachronisme seraient ceux dans lesquels ils furent créés et que l’au-teur évoquaient en écrivant sa tra-gédie. En tous cas, il fallait un étranger pour nous faire sentir la faiblesse de conception imposée chez nous par la tradition et pour oser s’en affranchir. I.. BAK1’f. – ÉTUDE DE JEUNE FILLE, NU.