FIND ART DOC, LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE 91 eetc.5.1- • L. BAKST. — PORTRAIT D’UNE DAME SLAVE. à moudre et remoudre du Bakst. Tous les novateurs en tout ordre et de tout temps, furent, hélas ! pareillement victimes de la faiblesse humaine et de leur propre génie. J’imagine que là se trouve cette raison pour laquelle on voit tant de créateurs transformer leur manière au plein épanouissement même de leur triomphe. Ils chèr-chent à s’évader du cercle horripilant que forment leurs imitateurs autour d’eux. Aussi, sans avertissement, sans avoir attendu que se fut manifestée la moindre lassitude chez les spectateurs, qui semblaient au con-traire témoigner de plus d’enthousiasme à Shéhérazade après Cléopere et à Thamar après l’Oiseau de Feu, Bakst se renouvelait ; c’est ainsi que nous eûmes l’A près-Midi d’un Faune et, en 1917, les Dames de bonne humeur. Le svelte Saint Sébastien cuirassé, qui est une frap-pante image de Mme Ida Rubinstein, ne ressemble point présenté. Il à cette fabuleuse vision des Mille et Une Nuit que Bakst donna de cette artiste si exceptionnelle dans Shéhé-razade. Il sût se dépouiller de tous ses dons de coloriste oriental pour créer une figure, énigmatique encore, mais qui a les purs contours, les courbes mystiques de Carpaccio. On ne peut séparer le nom de M ‘He Ida Rubinstein du nom de Bakst, non plus qu’il leur semble impossible sans doute, à l’un et à l’autre, de dis-socier leurs génies particuliers. Lorsque la tragédienne rêva• d’inferpréter un jour la .Phèdre de Racine, à l’Opéra, pour une représentation unique, c’est au Bakst qui avait créé pour Ida Ru-. binstein, mime sublime et danseuse, les décors de Cléopâtre et de Shéhé-razade qu’elle s’adressa. Si l’amant de la Champmeslé avait pu assister à la matinée qui nous en fût offerte sur la plus vaste scène de Paris, la Phèdre de Bakst l’eût empoisonne » Il faut reconnaitre que lis juun, s ius, uXtrèmement jeunes, supportent seuls de voir :apparaître un des chefs-d’oeuvre les plus consa-crés et, en apparence, les plus immua-bles du théatre français, radicalement transformé; déshabillé, rhabillé, cer-tains prétendirent même camouflé, jusqu’à rendre impossible au spectateur qui pénètre dans la salle à l’improviste, de se rendre compte de l’ouvrage re-est bien certain que, dans Britannicus, Agrippine, pour- grande scène avec Néron, doit porter sur le front un bandeau orné de camées et sur les épaules un manteau rouge brodé d’or. Ne nous demandez jamais pOurquoi cette conviction est faite en nous. Il nous sembleFavoir —avec combien d’autres! — sucée dans le lait de notre nourrice. Phèdre se jouait, sous un blanc portique de marbre, quelques graves statues en « animaient » la perspective et l’épouse de Thésée exhalait le brûlant appel de son amour pour Hippolyte sur un siège de marbre, Déja, lorsque Mme Sarah-Bernhardt introduisit dans.cette mise en scène deux lauriers à fleurs roses et quelques peaux de pan-thères, il s’éleva des protestations chez les gardiens de la tradition. Quels cris n’eûssent-ils point poussés devant le décor et les costumes de Bakst. Le portique existait encore, certes, comme existaient Hippolyte, CEnone et Phèdre, mais non plus cette élégante colon-nade du temps de Périclès, qui pouvait remplacer dan 5