86 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE FRAGMENT DE SAVONNERIE. ÉPOQUE LOUIS XV. lasser de regarder et admirer en compagnie de ses amis. Georges H ce n tsc h e I, pour arriver à réunir en si peu d’années, tant et de si importantes créa-tions des temps passés, tout en menant de front de grandes entreprises, avait dû, on le pense bien, être doué d’une sorte d’activité réellement ma-gnétique, ou bien dépen-ser doublement les jours qui lui avaient été dévo-lus. C’est plutôt l’un et l’autre qui- ont amené à la fois tant de résultats splendides ct une mort si prématurée. Il semblait qu’il ne vieillissait point. — et il ne vieillit point, en effet. Aussi, disparaissant en pleine activité et en plein succès, il nous est impossible de songer à lui autrement qu’avec cette allure• à la fois dis-crète et désinvolte, ce sourire de tin Parisien, cette élégance sobre, qu’on ne trouve pas… dans beaucoup d’autres contrées. Il y avait en lui une crânerie sans pose, une décision sans brusquerie, tout à fait spéciales. Il aimait se tenir au cou-rant de tout, visitait toutes les expositions, et n’y voyait que ce qu’il fallait y voir. Le reste, il l’éliminait tout naturel-lement, de même que lorsqu’il entrait chez quelque grand amateur, ou chez quelqu’un de ces centralisateurs d’ob-jets d’art pour lesquels il faudrait trouver un autre nom que celui de s marchands », il avait tout de suite découvert la pièce rare, celle qu’il fallait enlever de gré odde force. Com-bien de fois n’avait-il pas réussi ces coups d’audace nés d’un coup d’oeil I Et ce qu’il y a de très spécial et de très typique en lui, c’est que la question de prix n’entra jamais en ligne de compte. Il trouvait, ou retrouvait toujours la somme, parfois considérable, qu’un plus prudent ou un moins passionné, aurait supputée… pendant que l’objet se serait envolé. J’ai fait allusion à ses grandes entreprises. On saura plus tard les importants travaux d’architecture et de décoration qu’il dirigea. Entre autres, ce furent des Palais pour le roi Georges ch. Grèce; pour le Prince impérial du Japon, le mikado actuel; le château de Rochefort pour M. Porgès; d’autres pour Mme de Ganay; en Angleterre pour sir Julius Wernher, pour MM. Bert, King, Neumann, etc.; et aussi l’important château de Luton-Hoo, bien d’autres encore. Enfin le peu d’années qu’il fut administrateur des magasins du Louvre montra quelles facultés de commandement et d’organisation il pouvait déployer sans jarnais cesser d’être aimable. La collection était pour lui une diversion et une récréation supé-rieures. S’il cons-truisait ou embel-lissait des châ-teaux, il enlevait à d’autres les richesses qu’ils ne savaient pas gar-der ou compren-dre. Mais chaque fois qu’une de ces belles choses arri-vait chez lui, meuble grand sei-gneur, ou revête-ment princier, c’était un accueil auquel ils devaient ètre infiniment TORCHÈRE EN TERRE CUITÉ.