LA RENAISSANCE 11E 1:ART FRANÇAIS ET Dits iNtitsTRIEs i.tlxr 35 belle qualité, saint Ildefonse et saint Dominique. Devant certaines deuvres d’art et sans quo leur qualité soit mise eu cause, on peut, selon nous, éprouver deux sentiments parfois distincts l’un de l’autre : l’admiration ou la convoi-tise. En sortant de la collection Degas, nous éprouvions bien le premier ; mais, avouons-le, surtout le second… -7- Le Commerce de la Curiosité Tout le monde sait et répète que le bibelot monte u… C’est même une raison pour le faire monter davantage. Les prix font sortir beaucoup de beaux objets d’art des anciens logis qui les abritèrent si longtemps et les jettent dans la circulation. Chez la plupart des grands antiquaires, on en rencontre 011 ce moment d’admirables ; à ceux-là reste fidèle la clientèle réduite à la-quelle ils s’adressent, mais qui s’est accrue aujourd’hui non pas seulement des ■■ nouveaux riches u, mais surtout peut-être de ceux que nous appelle-rons les ■■ nouveaux plus riches ». Pour toutes les autres catégories d’ob-jets plus modestes, les acheteurs ne se comptent plus. Les bibelots les plus ordinaires eux-mêmes, ceux dont les marchands désespéraient avant la guerre le placement, s’enlèvent et les prix ont doublé depuis trois ans. Le vieil amateur, tout déconcerté, de-meure essoufflé au bas de la côte qu’il déclare trop rude à gravir ! A vrai dire, cette hausse n’est-elle pas explicable, en dehors du nombre croissant de demandes et de la diffi-culté d’approvisionnement, par les mêmes raisons qui font que tous les autres objets nous paraissent hors de prix ? Le beurre a triplé, pourquoi pas le bibelot ? La valeur du billet de banque aussi a, hélas ! changé ; est-on bien certain que le même meuble est plus dispendieux aujourd’hui à mile francs qu’avant la guerre à 500? On s’est étonné d’appprendre que, dans une vente publique, faite à Berlin, en février dernier, beau-coup de tableaux — peut-être d’ail-leurs remarquables — avaient réa-lisé des prix de 3 à 400.000 francs. La baisse énorme du mark salirait. semble-t-il, à expliquer ces enchè-res insolites et à remettre bien des choses au peint. et, Le monde de la curiosité dis-cute en ce moment avec passion les deux lois qui le menacent. Nous de-vons dire quelques mots de la pre-mière car elle est déjà votée et va entrer en application. Nous réser-vant de parler dans le numéro sui-vant de la seconde, demeurée encore à l’état de projet assez vague et qui a Irak aux entraves à l’exportation des objets d’art. La loi votée le 31 décembre 1917 a institué un droit de 10 p. 100 sur la vente de tous les objets de luxe; les oeuvres d’art et les bijoux sont. il faut l’avouer, particulièrement visés par dispositions nouvelles. Une Commission a dressé et fait pa-raître la nomenclature de ces objets qui, une fois atteinte une certaine li-mite de prix seront dits de luxe u. Elle a souhaité, suivant les termes mènes de son rapport, frapper les ma-nifestat pins de la richesse, t. taxer la jouissance, sans paralyser l’effort », Certes il tant faire rentrer de l’argent dans b.s eatssos publiques ; c’est là le fait brutal niais. reste à savoir si le moyen employé est parmi les meil-leurs. Ce luxe, que l’on veut frapper, n’était-il pas. precisémeni, une des plus claires sources de notre richesse nationale ? tous cas on ‘n’in re-tilolliP1’. 1.111′ la 111111Vei le loi des ,effets baSZI [‘dell X el St1110111 des incidences aussi inattendues que factieuses, Nous ne pouvons aborder tous les côtés d’une qeustion très complexe. Con-tentons-nous d’envisager quelques cas particuliers. Prenons, par exemple, l’Hôtel des Ventes, une des prem et principales victimes. Nul ne lui con-testera, dans le commerce de la curio-sité, un rôle très important. Il est le grand régulateur du marché. Tout comme la Bourse fait, la cote des va-leurs, il fait celle des bibelots. 11 y a avantage pour tous à conserver, à en-courager cette institution et les com-merçants eux-mêmes reconnaissent tous les services qu’il leur rend en éta-blissant les prix, ce qui leur permet de maintenir constamment l’offre de leur propre marchandise au niveau de la demande. Le nouvel impôt. apportera proba-blement dans les ventes moyennes, mais sûrement dans les grandes. (les perturbations. Paris a toujours été et doit rester le premier marché de la curiosité. Pour lui garder son rang, il faut parfois livrer de rudes combats c’est en effet en offrant aux vendeurs des conditions avantageuses qu’on est parvenu à faire ici la vente de quel-ques collections etrangères célèbres. Ainsi. les héritiers Steengracht t•e-çiurent les propositions des établisse-uents N1111101.. d’Amsterdam : lie GOld-;,11n11111. de Francfort ; de Christie, de 1,1■Ild•os . de 1.eplie, de Berlin ; et. mal-gré cette redoutable concurrence, ils ronflèrent à nos commissaires-priseurs le soin de tirer le meilleur parti pos-is v e.tit kxtr. (mixt valu:). (tursi:r. N.1%•.ti.ET.) sible de leurs tableaux. Pareils faits se reproduisirent pour les collections Crespi. de Milan ; Marczell, de Nemes. de Dusseldorff. Les ventes seront sans doute nombreuses après la guerre ; si l’on n’y prend pas garde, le marché parisien Se I 11111SpOrlen à Londres ou, encore, ce qui sera plus triste, à Ber-tin où des conditions très tentantes se-ront faites et où se donneront bientôt rendez-vous les amateurs scandinaves, devenus, ces temps-ci, et. par suite de rapides fortunes acquises, les plus gros acheteurs, notamment de tableaux mo-dernes. Si nous laissons de côté la question de principe, la nouvelle loi nous laisse ■•trevoir des cas d’application au moins singuliers. Un exemple : le che-val de courses, actuellement presque invendable, no sera donc pas considéré comme un cheval de luxe et ne paiera pas l’impôt • au contraire, le cheval de trait, dans q-elque pitoyable état qu’il se présente, se vend très cher : s’il atteint la limite légale de 500 francs, il sera promu au rang flatteur de che-val de luxe et paiera la taxe… Et dans la pratique, comment opèrera-t-on ? Une commode est cotée t. de luxe à partir de 1.200 francs ; le commis-saire-priseur devra-t-il rappeler au public, au moment de l’adjudication, les dispositions et le tarif de la loi ? Si elle est vendue 1.000 francs et qu’elle soit moderne, on ne paiera pas la taxe; au contraire, on paiera si elle est an-cienne. La question d’authenticité se trouve donc soulevée, mais si la majo-ration de 10 p. 100 peut remplacer pour l’objet d’art les années d’exis-tence qui lui font défaut, nombreux seront ceux qui consentiront volontiers ce léger sacrifice d’argent ! Quoi qu’il en soit, le nouveau ré-gime laisse planer encore une telle incertitude sur le marché que beau-coup de gens, pour éviter les surprises, se halent de vendre bout de suite ; beaucoup d’autres attendent, au con-traire, di- c,,iuslater les répercussions de la La place nous manque dans ce nu-ment pour examiner dans quelle me-sure le nouvel impôt atteindra les commerçants français. D’ailleurs, on est encore loin de s’entendre sur les modes de son application. M. Jonas. le grand antiquaire parisien, a mis son ardeur ainsi que toute son ex-périence .le la question au service de la défense des intérêts de la corpo-.a I i,nt et nit croit savoir que ses pro-testai ions ne sont pas toutes restées inefficaces. âs Ana’ ents-Unis on signale peu de ventes importantes, au cours de la saison. Celle faite récemment, à Ne•-York, par l’antiquaire Volpi. des meubles qui garnissaient, à Flo-rence, son curieux palais Davansati, n’a pas donné de résultats très satis-faisants. La vente annoncée de l’ad-mirable collection d’un autre anti-quaire, M. Bardini, ne réalisera sans doute pas tout ce que l’on pouvait en attendre. Les amateurs, améri-cains se consacrent exclusivement aux œuvres de guerre il n’est là-bas question que de ventes, de guè-tes et de tous les moyens de solli-citer la charité. P. S. — Depu,, ‘lue ces notes ont été écrites, nous avons appris que la vente Sarlin n’aura pas lieu. la collection ayant. été achetée en bloc plus de deux millions et demi par des Scandinaves. La collection de ta-bleaux modernes du docteur Viau, vendue également à l’amiable 2 mil-lions 220.000 francs, pendra la olé-ine rotule d’exil. FIND ART DOC