‘fo LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES De LUXE LA PEINTURE MONUMENTALE EN FRANCE AU MOYEN AGE(I) u[rosulom DES t1011q11MIT5 [IISTORIO(lE5 PALAIS DES PAPES D’AVIGNON. —›RELEVÉ7PAlt ALEX. DENUELLE. (XIV’ SIÈCLE.) 0 N ne comprend pas le moyen âge, écrivait, en 1831. Ludovic Vitet, on se fait l’idée la plus mesquine et la plus fausse (le ces grandes créa-tions d’architecture et de sculpture, si, dans la pensée, on ne les rêve pas couvertes du haut en bas de cou-leurs et de dorures. » Et, en 1845, Prosper Mérimée, reprenant le même thème, commençait son commentaire sur les peintures de l’église de Saint-Savin par cette constatation : « La peinture est, de tous les arts du moyen âge, celui dont les monuments sont le plus rares en France; et cependant il est certain que la plupart de nos églises ont été revêtues autrefois d’une riche orne-mentation coloriée et que leurs voûtes et leurs parois, enduites aujourd’hui d’un badigeon uni forme, présen-taient de vastes compositions peintes à fresque ou en détrempe. » C’est sous le patronage de ces deux grandes autorités, Cette étude servira de Préface au Catalogue des Peintures Murales provenant des Archives de la Commission des Monuments Historiques dont l’Exposition va s’ouvrir au Pavillon de Marsan. de ces deux ouvriers de la première heure qui ont présidé à l’oeuvre naissante du service des monuments historiques, qu’il est juste de placer aujourd’hui, après trois quarts de siècle révolus, la présente exposition. Comme il était naturel, les lieux con-sacrés au culte, où se concentrait la vie spirituelle de la cité, furent ceux que nos lointains aieux se plurent tout d’abord à voir décorer. Des textes nombreux nous apprennent qu’aux époques reculées du moyen âge, la tradition antique ne s’était pas perdue : comme les anciennes basi-liques chrétiennes, les primitives églises mérovingiennes et carolingiennes étaient peintes, « ob pulchritudinen, et recorda-‘louent » pour la beauté et le souvenir. Double était en effet l’objet : embellir le temple de la divinité et commémorer, en vue de l’édification des fidèles, les actes par lesquels s’affirmait le dogme. Ces premières parures ont péri avec les mo-numents eux-mêmes qui les portaient et il nous faut attendre le xi° siècle pour rencontrer les plus anciennes décorations peintes qui nous soient parvenues. L’on peut affirmer qu’à l’époque romane la polychromie fut une règle générale. Les preuves en abondent, et cette polychromie ne se limitait pas aux parois qui offraient de longues surfaces planes au développement d’une pieuse imagerie; elle s’appliquait aussi et non moins à tous les organes de la construction, points d’appui, colonnes, arcades, chapiteaux, statuaire même, dont elle affirmait la fonction en accusant les formes. Technique et inspira-tion lui venaient de la Grèce. Deux traités qui sont arri-vés jusqu’à nous ne laissent aucun doute à cet égard : l’un, I’« Essai sur différents arts », rédigé par un con-temporain, le moine Théophile qui vivait à la fin du xe et au commencement du mi’ siècle dans un monastère voisin de Paderborn; l’autre, sensiblement plus récent, niais dans lequel se résume la tradition accumulée des siècles antérieurs, « Le Guide de la Peinture », retrouvé en 1840 par Didron au mont Athos. Les procédés qu’ils indiquent l’un et l’autre sont ceux que l’on voit adoptés par les artistes français des xi° et mi’ siècles; c’est la fresque. l’application des couleurs sur mur humide; ces couleurs sont elles-mêmes très limitées, les ocres rouge et jaune, le vert, le brun, le gris, le blanc, exceptionnel-lement le bleu; leur mode d’emploi est réglé suivant des formules qui ne varient pas ; l’on y voit comment on fait « la couleur de chair pour les corps nus », commet • 1 FIND ART DOC