I2 LA RENAISSANCE DE L’ART FRANÇAIS ET DES INDUSTRIES DE LUXE ferai pas avec moins de plaisir. De grands ouvra-ges donc et plus dans l’inclination de mon genre de talent me feront ne plus rechercher d’ailleurs ce que j’ai appelé petits tableaux dont les études et les recherches sont les mêmes et dont le fini demande des soins oui, au résultat, quoi qu’on ait fait, vous rangent tou-jours dans le genre. Mais, les faisant, j’y mettrai toujours le prix de cent louis à pré-sent, me réservant encore les droits de la gravure. « Votre portrait dont vous me faites l’honneur de me charger, et avec des mains, je le peindrai pour vous au prix de mille francs. » (i) C’est ce por-trait, payé mille francs par M. de Pastoret, que Degas eut sous les yeux pendant les vingt der-nières années de sa vie. Et quel portrait ! Si on veut savoir ce que c’est que le style, il faut étudier ce portrait’ de Pastoret à l’égal du portrait du duc d’Orléans : c’est le style même! Les études du Musée de Montauban quelques dessins par ailleurs, montrent que Ingres, cette fois encore, n’improvisa pas : il était bien trop conscien-cieux pour n’y pas regarder de très pres. Le résultat, on l’a ici : c’est un chef-d’oeuvre. « Le dessin est la probite de l’art », disait Ingres. Quelle probité s’affirme là ! Et la couleur même de ce portrait, si harmonieusement fleurie dans sa patine dorée, accentue le charme décisif de cette page incom-parable. INGRES. — M. DE NORVINS. (PEINTURE.) Degas avait réuni bien d’autres oeuvres de Ingres, et je ne puis les mentionner toutes, mais il faut s’arrêter devant cette femme couchée, précieuse petite peinture, presque une miniature, qui ne porte aucune indication de date. On (i) Inédite. lit simplement la signature :Ingres, très légèrement tracée, comme si l’artiste avait re-douté de surchar-ger une oeuvre si délicate, si lé-gère et d’une ado-rable couleur ! Ingres n’était pas coloriste ! Ingres était froid ! Ces belles âneries se sont etatees un peu partout pen-dant un siècle. Il a fallu les manifes-tations de ces der-nières années pour arriver enfin à les réfuter victo-rieusement. La collection Degas, avec. ses quatre portraits et avec cette figure d’oda-lisque, suffirait s’il en était encore besoin. Et la vibra-tion du dessin que nous publions, étude pour l’Oda-lisque du Louvre, en dit plus que tout ce que nous pourrions écrire là•dessus. Quelques por-traits dessinés, la Famille Fores-tier, troisième répétition du feuillet du Louvre — nous possé-dons la seconde, — le portrait de jeune homme qu’on trouvera ici même, de nombreuses études peintes, une grande quantité de dessins : el est l’extraordinaire ensemble d’Ingres que Degas avait réuni. LA FAMILLE DE LUCIEN BONAPARTE L’actualité nous révèle en même temps une autre oeuvre d’Ingres, en vérité d’une importance extrême. La Famille de Lucien Bonaparte, que le comte Joseph Primoli gardait jalousement par devers luijamais le comte Primoli n’avait consenti à laisser ni exposer ni reproduire ce dessin. Je l’avais vu à Rome, puis à Paris, et j’avais pu le décrire, mais défense de le photographier. La défense est levée et je suis heureux que ce soit au profit de mes lecteurs. Mais le comte Primoli n’y est pour rien : j’en dois remercier le nouveau propriétaire, M. Georges Bernheim, qui l’a récemment acquis pour la somme de too.000 francs. Le comte Primoli n’avait pas reçu ce groupe en héritage familial. Il l’avait lui-même acheté à Pérouse. Je ne tiens pas le renseignement du mystérieux comte Primoli. vr-.;^;