LA RENAISSANCE DE t’ART FRANÇAIS ET DITS iXrusymli> UI? Li•xy. — mais doué de génie — devait laisser de lui à la postérité. C’est à Florence, où il s’était fixé en 182o pour y peindre le Vœu de Louis XIII, que Ingres exécuta les portraits de M. et de Mme Leblanc. D:. nombreuses études au Musée Ingres, et chez Bonnat, témoignent des recherches auxquelles Ingres se livra, surtout pour fixer la belle image de Mme Leblanc. Le châle de Madame Rivière, au Louvre, est fameux. Je crois que si Madame Leblanc trouve l’asile glorieux qu’il faut lui souhaiter, le châle peint par Ingres en 1823 ne le cédera en rien â celui de 1805. Quelle oeuvre miraculeuse est ce portrait de Me’ Leblanc I Le visage est certes d’une belle noblesse en son calme apparent et on comprend qu’Ingres se soit attaché â l’étudier longuement ! Mais que dire du bras gauche, dont la peau transparaît sous la légèreté du tulle noir ? Quant au portrait de M. Leblanc, les mains seules suffiraient à le rendre fameux, si ce n’était par ailleurs une oeuvre de forte volonté, précédant de dix années Berlin lainé, dont il est le digne pendant. Ingres, rentré à Paris en 1824 — après une absence de dix-huit années — écrivait à sa femme, demeurée provi-soirement à Florence : « Le bon, l’excellent M. Leblanc vient de m’écrire comme un père et un bon père écrirait à son fils. Dis-lui combien sa lettre m’a rendu heureux et m’ho-nore. Remercie-le bien et tant et tant jusqu’à ce que je le fasse moi-même. Fais-leur agréer toute l’expression de ma vive reconnaissance et l’attache-ment le plus tendre et le plus dévoué de leur bien reconnaissant et obligé-ami… » Les deux portraits de M. et Mm’ Le-blanc restèrent dans la famille… Mais un jour on les vit passer dans une vente obscure de l’Hôtel Drouot. Degas et Bartholomé étaient présents, par hasard : ils se mirent d’accord pour acheter les deux portraits, étant entendu que chacun aurait le sien. Mais Bartholomé n’osa jamais insister auprès de Degas, qui garda jalousement le ménage. Quelle sera la destinée de ces deux œuvre magnifiques ? A ces portraits s’ajoute celui du marquis de Pastoret, acquis par Degas, en 1897, â la vente de la marquise du Plessis-Bellière, née Pastoret. Ingres avait connu M. de Pastoret à Rome, où le futur administrateur des biens du comte de Chambord avait débuté dans sa jeunesse — à dix-huit ans ! — en qualité de secrétaire général des Etats romains. Pour lui, il exécuta l’Entrée du Dauphin Charles V à Paris, maintenant dans la collection Bessonneau. Les lettres d’Ingres à Pastoret sont bien émouvantes. Nous les publierons quelque jour. Mais l’occasion est trop tentante pour ne pas dédier cette page aux artistes un peu pressés de connaître, avec les faveurs de la gloire, les hauts prix. C’était en 1824, pendant le Salon où le Vœu ‘te Louis XIII allait enfin révéler Ingres au public : il avait alors quarante-quatre ans. Devant le succès de son tableau, Ingres décida de quitter l’Italie pour se fixer à Paris. Il en avisa M. de Pastoret : « Je reste définitivement à Paris où je suis chargé INGRES. – M. LEBLANC. (PEINTURE.) d’ouvrages honorables et lucratifs, ayant négligé tota-lement jusqu’à présent les moyens de la plus simple existence pour ne m’occuper que de mon avancement dans l’art. J’ai le projet, à partir de ce moment, de ranger mes prix dans ceux qui tiennent ici les secondes places, tant pour le portrait que pôur l’histoire. Ces prix sont connus de tous et vous les savez sûrement, et moi qui suis long à opérer, je crois ne pouvoir faire autrement. Soit ici, soit â Florence, j’ai mis cinq mois pour vous peindre le tableau de Charles V. J’en appelle à vous, Monsieur le Comte, pour avoir égard pour celui que vous m’avez soldé et accepté sans avoir osé alors par timidité et aussi par le plaisir et l’honneur que j’avais d’être distingué par vous, Monsieur, pour qui je me suis toujours senti l’inclination la plus dévouée et encore par la reconnaissance à votre personne pour le bien que j’ai reçu de vous, que si vous croyez ne devoir rien changer à ce second ouvrage je ne I FIND ART DOC,